Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
"Nous autres jolies femmes, car j'ai été de ce nombre, personne n'a plus d'esprit que nous, quand nous en avons un peu : les hommes ne savent plus alors la valeur de ce que nous disons ; en nous écoutant parler il nous regardent et ce que nous disons profite de ce qu'ils voient."
Attention ! Coup de coeur !! Marivaux est génial, Marivaux est un dieu, j'aime Marivaux.
Voilà, c'est dit.
La Vie de Marianne n'a qu'un défaut : il n'est pas fini. J'aurais vraiment aimé savoir la fin, si notre petite héroïne parvient à épouser son Valville ou si elle en épouse un autre ; quelles deviennent ses relations avec sa mère de coeur ; et si elle reste aussi jolie, aussi vive, aussi gentille, et aussi garce !
"L'art d'entretenir un homme dans cette espérance-là, je l'estime encore plus honteux qu'une chute totale dans le vice ; car dans les marchés, même infâmes, le plus infâme de tous est celui où l'on est fourbe et de mauvaise foi par avarice. N'êtes vous pas de mon sentiment ?"
La Vie de Marianne raconte donc la vie de Marianne, par Marianne elle même. Elle débute dans sa plus tendre enfance, quand un carosse se renverse, et dont elle, un bébé, est la seule survivante. A l'intérieur, se trouvaient sans doute des gens riches et des serviteurs, mais dont nul ne connait ni le nom ni l'origine. Elle est fille de nobles gens, semble-t-il, mais peut-être celle des pauvres serviteurs.
Elle est élevée par un curé et sa soeur, qui lui développent en elle vertu et sagesse, puis l'emmènent à Paris où la soeur meurt. Voilà notre Marianne, à 16 ans, belle comme un coeur, sans aide et sans famille, obligée de quémander soutien et assistance à un ami de ceux qui l'ont élevée. Mise dans une situation modeste, mais vertueuse, elle voit les dangers qui s'offrent à elle, mais y résiste - non sans jouer de ses charmes ; petit à petit, son éducation, sa beauté aristocratique, ses vertus lui permettront de s'en extraire et de rencontrer une protectrice qui l'adoptera et ... un charmant jeune homme qui succombe à sa beauté.
"Tout ce que je sais, c'est que ses regards m'embarrassaient, que j'hésitais à les lui rendre, et que je les lui rendais toujours ; que je ne voulais pas qu'il me vît y répondre, et que je n'étais pas fâchée qu'il l'eût vu."
C'est merveilleux, frais, drôle, émouvant. Marianne est une héroïne fantastique : belle et vertueuse comme elle se doit de l'être, elle est pleine de vie, coquette et manipulatrice parfois, souvent orgueilleuse, mais d'un bon coeur et d'une générosité sans égal. L'histoire se finit bien, j'en suis certaine, mais aurait-il pu en être autrement avec une si aimable jeune fille ?
C'est surtout merveilleusement écrit, avec cet esprit qui fait le renommée du XVIIIème siècle et de Marivaux. Il sent si bien le coeur de sa Marianne, ses hésitations, ses désirs et ses chagrins, qu'on jurerait que ce texte est écrit par une femme !
"Jamais la charité n'étala ses tristes devoirs avec autant d'appareil ; j'avais le coeur noyé dans la honte ; et puisque j'y suis, je vous dirai que c'est quelque chose de bien cruel que d'être abandonné au secours de certaines gens : car qu'est ce qu'une charité qui n'a point de pudeur avec le misérable, et qui, avant de soulager, commence par écraser son amour-propre ?"
Allez-y sans hésiter, vous adorerez !
Qu'en pense George ?
Fait partie du challenge XVIIIème de Canthilde
et livre de ma PAL !