"Quand je tire mon archet, c'est un petit morceau de mon coeur vivant que je déchire."
Depuis le décès de sa femme, Sainte-Colombe vit en hermite dans sa demeure, entouré seulement de quelques serviteurs, de ses deux petites filles, et de son amour éternel : la musique. Il se dévoue corps et âme à sa viole de gambe, ne s'arrêtant de jouer pour donner quelques cours à de jeunes nobles. Recherché par le Louis XIV, il décline et se dévoue à un maître autrement plus éternel que le Roi-Soleil, le culte de la Beauté.
Un jour arrive chez lui un jeune garçon qui souhaite faire de la musique sa vie. Après quelques hésitations, Sainte-Colombe accepte Marin Marais comme élève, avant de le chasser quand il découvre que le jeune homme est friand des honneurs que la cour réserve aux musiciens. Trahi, il ne veut plus entendre de Marin Marais, même si une de ses filles l'aime et en est enceinte...
"C'était sa femme et ses larmes coulaient. Quand il leva les paupières, après qu'il eut terminé d'interprêter son morceau, elle n'était plus là. Il posa sa viole et, comme il tendait la main vers le plat d'étain, aux côtés de la fiasque, il vit le verre à moitié vide et il s'étonna qu'à côté de lui, sur le tapis bleu, une gaufrette fût à demi rongée."
J'aurais beaucoup de mal à dire ce que j'ai pensé de ce livre, tellement la petite centaine de pages m'a bouversée. Entre la nouvelle, le roman et la poésie, il parle de sujets tellement profonds et émouvants qu'il a comme suspendu le temps. L'amour de la musique, un deuil qui ne veut pas se faire, une communication qui ne peut passer pas passer par les mots. Et le portrait de Marin Marais, enfant exclu du paradis, fasciné par Sainte-Colombe dont il ne peut entendre la musique que par effraction.
Un délice ...
Lu en lecture commune avec Anne, Vilvirt, Delphine, et Sabbio.
Adapté en 1991, ce livre entre dans le cadre du défi La littérature fait son cinéma !