Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
« Les chênes des dryades composaient une approximation grossière de cercle au sein de bosquets plus étendus de hêtres et d’ormes. Un étranger aurait pu se promener parmi eux et confondre le doux bourdonnement de leurs métiers à tisser avec d’industrieux insectes ; prendre leurs portes pour des fissures dans l’écorce. Les petites maisons en forme de ruche nichaient en secret parmi les branches invisibles depuis le sol, à part un éclat occasionnel de brun qui semblait faire partie de l’arbre. »
(Je ne sais pas vous, mais je suis fan de la couverture !)
Suite du Cycle du Latium, donc. Enée et Ascagne sont arrivés sur les rivages de l’Italie, où ils ont accosté, à la recherche d’une truie blanche et de ses trente porcelets pour y fonder leur nouvelle Troie. Ascagne a grandi, c’est un beau jeune homme audacieux (parfois trop). Enée reste semblable à lui même, un poète à qui on a demandé d’être guerrier et roi.
Sauf que les côtes de l’Italie ne sont pas désertes, loin de là ! Elles pullulent d’êtres surnaturels, des faunes, des centaures et mêmes des dryades. Et ces dernières, amazones féministes, ne sont pas du tout contente de l’arrivée de ce macho d’Enée (qui a tué ses deux femmes, Créuse et Didon !) dans les parages.
On va suivre une de ces dryades, Mellone, une adorable jeune fille de 17 ans, qui se débat dans les affres d’une sexualité naissante (mais comment faire quand on est dryade, et que les seules relations sexuelles qu’on est sensée avoir se passent dans le tronc d’arbre, droguée, avec un « dieu » mystérieux ?). Mellone tombe sous le charme d’Enée et de son fils, et s’étonne de découvrir des êtres bien loin des affreux méchants qu’on lui a appris à redouter.
C’est un sympathique roman, avec un charme certain : les descriptions du monde des dryades sont très belles, très champêtres. Mellone est un joli personnage, avec ses contradictions, ses doutes, son désir de savoir, de comprendre, son ouverture au monde. Il y a également une belle apologie de la mixité : le mode de vie des dryades et de leur Reine Volumna, loin des mâles, n’a pas d’avenir. C’est à deux que se construit l’avenir.
Il y a beaucoup de sensualité, entre un Enée qui ne parvient pas à faire le deuil de ses deux amours ; un Ascagne qui a découvert la sexualité mais pas encore l’amour ; et des dryades soit disant très chastes, mais dont les conversations bruissent de leurs souvenirs dans l’Arbre. Sensuel, mais innocent, comme les premiers jours du monde.
C’est ce qui fait tout le charme de ce roman ...
Lu dans le cadre du challenge Mythes et Légendes…