Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
"Plus bas, en arrivant près du port, non loin de l'arsenal, la via Mala devient plus animée. Elle sent le sang ; des filets noirâtres ruissellent sur la chaussée en pente depuis les abattoirs. Des nuées de mouches obscurcissent l'air, des colonies de rats grouillent au bas de façades. On entend parfois, derrière le mur d'un boucher, le meuglement d'une bête qui sent la mort. Arrivé là, je m'arrête. Je hume à plein poumons l'odeur de viande, de crasse, de merde.Je me ressource. Je suis chez moi."
Des siècles auparavant, un héros demi-dieu a unifié le Vieux Royaume. Des siècles après sa mort, il n'en reste plus qu'un éparpillement de duchés, comtés, cité-Républiques. Janua Vera conte cette société réduite à une forme d'anarchie, qui rêve encore le temps de sa splendeur. Après un conte éponyme voué à la déchéance du héros fondateur, sept nouvelles, sept membres de cette société féodale, de l'assassin au clerc, du galant chevalier à la paysanne dont la vie est transformée par sa rencontre avec un elfe.
C'est de plus magnifiquement écrit. Jaworski adapte son style à son personnage, à l'ambiance dans laquelle il se trouve. Epique pour le chevalier, drolatique pour le scribe, policier pour l'enquête menée dans un village pour connaître l'origine de la malédiction qui le poursuit. Chaque chapitre est une réinvention, un monde nouveau qui s'ouvre et pourtant dans le même univers.
J'y ai retrouvé un peu de la noirceur de George RR Martin, dans ce royaume qui part en charpie, du George RR Martin de A storm of crows, ou de celui de sa nouvelle, Le chevalier errant (je m'aperçois que je n'ai pas fait de billet sur cette nouvelle). J'y ai lu le même désir de réalisme brut et poétique que dans Chien du Heaume de Justine Niogret. En bref, j'ai adoré et je compte bien vite commencer Gagner la guerre.
Serais-je en train de me réconcilier avec la fantasy française ?
Lu dans le cadre du challenge Mondes imaginaires