"Mes amis, gardez vos vieux amis. Mes amis, craignez l'atteinte de la richesse. Que mon exemple vous instruise. La pauvreté a ses franchises ; l'opulence a sa gêne."
Mon regard a été attiré sur ce très court livre par son titre : Regrets sur ma vieille robe de chambre. Il y a dans ce titre une nonchalance, une intimité que je n'imagine pas chez un Philosophe du Siècle des Lumières, créateur de l'Encyclopédie. Quelle relation Diderot entretenait-il avec sa robe de chambre qui l'a poussé à écrire dessus ?
Je ne sais pas ce à quoi je m'attendais - quelque chose de personnel et d'intime, sans doute, mais je ne l'ai pas trouvé. Diderot raconte sa tristesse d'être enrichi et populaire. De généreuses donatrices prennent soin de lui, remplacent vieille robe de chambre et étagères de bois brut, par une confortable tenue pourpre et des bibliothèques de bois précieux.
Las, hélas ! Le philosophe ne se sent pas à l'aise dans ce nouveau luxe, et regrette la pauvreté d'antan.
Je m'attendais à quelque chose d'original, et Diderot me sert un poncif de la philosophie, radoté depuis Sénèque, et auquel seul Rousseau a réussi à donner un peu de corps. Que n'a-t-il refusé ces cadeaux, s'ils le gênaient tant ?
Diderot, dont j'ai pourtant adoré Les bijoux indiscret et La religieuse, chacun plein de verve et de tranchant, semble vieux, dans ce texte, imbu de sa personne et orgueilleux.
Diderot avec sa "vieille" robe de chambre.
Mais, ces Regrets sont suivies d'un autre texte, beaucoup plus long mais au titre moins aguicheur : la Promenade Vernet. Le philosophe raconte son séjour dans le château d'un ami, durant un bel été. Alors que tout le monde s'amuse et se distrait, le philosophe, sérieux et solitaire, se promène avec le pédagogue des enfants de son hôte dans la Nature (visez la majuscule). Le pédagogue soutient que rien n'est plus beau que la nature sauvage ; le philosophe mondain qu'elle est sublimée dans les tableaux de son ami le peintre Vernet. D'où quantité de descriptions de paysages, d'extases subite devant un coucher de soleil, du pré-romantisme larmoyant et lourdingue, où il ne faut pas être très fin pour comprendre que Diderot ne décrit en rien la Nature, mais les tableaux aussi peu naturels que possible de son ami Vernet.
En lisant le texte, je ne connaissais rien de Vernet. Mais les descriptions que Diderot faisait de ce peintre à la mode ne m'ont paru guère engageantes : et des tempêtes par ci, des navires en perdition, des bergères et des belles dames. Le genre de peinture qui m'horripile !!
J'ai depuis été me renseigner sur Vernet, et ce que je vois dépasse mes pires cauchemars :
Au final, je ressors de ces deux courtes lectures assez perplexe. Elles sont toutes deux assez pittoresques, montrant une face du XVIIIème que je ne connaissais pas : le mauvais goût. Mais elles ont entaché l'image que j'avais d'un philosophe estimé, montrant que finalement, nul n'est parfait.
Dernière lecture un peu en retard pour le challenge XVIIIème (la lecture était en 2010, mais le billet a trainé), que je finis ainsi...