Le blog d'une curieuse, avide d'histoires, de récits, de livres, de film et d'imaginaire.
"There was in them a vivid and intense sense of the present time, which seemed so strong and full, as if it could never passe away, and as if the warm, living hearts that so expressed themselves could never die, and be as nothing to sunny earth. I should have felt less melancholy, I believe, if the letter had been more so."
"A vivid and intense sense of the present time" ... Voilà mot pour mot l'impression que m'a donnée ce livre. Pendant quelques centaines de pages, j'ai vécu à Cranford, étrange et émouvante expérience que le quotidien d'un village anglais du début du XIXème.
On y suit la narratrice, jeune femme en congé chez ses grands tantes vieilles filles, Miss Jenkyns et Miss Matty. Elle nous écrit nous écrit cette période de la vie, quand les espoirs fadissent, quand le regard se tourne vers le passé et mesure les désillusions. Elle nous donne à voir les chroniques du quotidien, de l'arrivée du chemin de fer, des magiciens qui passent et des fantômes qui hantent les chemins creux la nuit. Elle nous introduit dans des petites habitudes so british, le thé de 5 heures, les visites aux voisines, les jeux de cartes interminables, les ragots et les médisances, les hiérarchies sociales immuables, les questions existentielles (comment s'adresser à une Lady ?)...
"Small pieces of butter grieve others. They cannot attend to conversation, because of the annoyance caused by the habit which some people have of invariably taking more butter than they want. Have you not seen the anxious look (almost mesmeric) which such personn fix on the article ? They would feel it a relief if they might bury it out of their sight, by popping it into their own mouths and swallowing it down ; and they are really made happy if the personn on whose plate it lies unused, suddenly breaks off a piece of toast (which it does not want at all) and eats up his butter. They think that this is not waste."
Tout ce livre est plein d'amour et de tendresse. On les aime, ces vieilles dames ! Miss Matty est bien sûr la plus attachante, mais même les garces ou les pédantes deviennent sympathiques sous la plume pleine de douceur de Gaskell.
On y rit, on y pleure, on s'attendrit, on vit quelques heures avec elles, et on apprécie d'autant plus les échanges qu'on sait que le jeune auteur si méprisé est Dickens, et que l'illustre Docteur est de nos jours bien oublié :
"Perhaps the author is young. Let him persevere and who knows what he may become if he will take the great Doctor for his model."
Un vrai petit morceau d'Angleterre, avec de la vraie auteur anglaise dedans ! A lire, absolument, à savourer, à relire, à aimer...
Lu en VO !
Et c'est un classique anglais !