Arte consacrait cette semaine ses soirées à la mode. Je n'en ai pas tout regardé, mais Mercredi, je suis tombée sur deux émissions appelées toutes les deux : Le jour d'avant. Les 24 h précédant le défilé, chez Jean-Paul Gaultier et chez Sonia Rykiel.
Je ne suis pas la mode. S'il m'arrive de m'extasier devant telle ou telle robe, ou telle paire de chaussures aux talons extravaguants, je suis bien incapable de reconnaître la patte d'un créateur ou sa philosophie. C'est un manque de culture que je ressens terriblement, car la haute-couture est un art, et de tous les arts peut-être le plus éphémère et gratuit, et donc le plus nécessaire.
Je me suis donc postée devant ma télé, mon ordinateur sur les genoux (j'avais des billets en retard (je suis incapable de regarder la télé sans faire quelque chose d'autre en parallèle)) et ai écouté et regardé de toutes mes oreilles et de tous mes yeux.
C'était passionnant de voir les coulisses d'un show pareil. De voir le travail. De voir l'envie. De voir l'amour. C'était extraordinaire de voir ces deux artistes en plein travail.
Les deux ? J'ai été séduite par Jean-Paul Gaultier. Dans le quotidien (et même pire que dans le quotidien, dans le stress le plus absolu qui précède un défilé), c'est un homme souriant, gai, dynamique. Il a fait ma conquête en quelques secondes : le type capable, à quelques heures d'un défilé, la reine d'une ruche bourdonnante, d'aller admirer un coucher de soleil sur les toits de Paris, et reconnaître avec tendresse tous les monuments, ce type, je ne peux pas ne pas l'aimer.
Et puis, cette manière de créer des tenues fabuleuses en trois gestes au dessus d'une mannequin, cette imagination fantasque de petit garçon, cette collection hommage au cinéma, avec une Marylin extraordinaire, et une mariée divinement improbable ... C'était beau...
Et il y a toute la ruche autour. Ces artisans dévouées. Ces femmes cousant, bouton après bouton, sans jamais s'inquiéter de l'extravaguance des tenues, ou de la minutie qui leur est demandée, elles sont merveilleuses. Elles sont des magiciennes qui transforment un simple tissu en fantasie. Une particulièrement : la brodeuse, qui a créé cette robe (euh, étrange ...) en crocodile, et qui est montée tout en haut, au paradis, pour voir défiler SA robe, les larmes dans les yeux.
Quand aux mannequins, je partais avec un préjugé intense à leur égard, le genre de préjugé que peut avoir une fille de 1m60 et de hum, hum, 60 kg à leur égard. Ces grandes cruches !
Et ben non. Oui, elles sont immenses et beaucoup trop minces. Mais elles ne sont pas que ça : elles sont aussi belles (enfin, quand elles sourient). Gracieuses. Elegantes. Belles comme des modèles préraphaélites...
Pour voir la totalité de la collection, je vous conseille la collection automne-hiver 2009-2010 de Gaultier.
J'ai en revanche été plus déçue par le reportage chez Sonia Rykiel. Après toute l'effeverscence de Jean-Paul Gaultier, celui là m'a paru sage (malgré l'ambiance festive et enjouée), et moins créatif. Quant à l'ambiance ... Si Sonia Rykiel est une vraie artiste, elle vieillit et sa fille Nathalie, qui semble plus gestionnaire qu'artiste, est beaucoup moins sympathique.
Est-ce du au reportage et au montage ? On parlait moins petites mains et art dans celui-là, et plus argent et people. J'y trouve moins de charme.
Cette soirée correspond tout à fait l'esprit du challenge Read me, I'm fashion, non ?