Ces quelques textes ont été publiés par Dickens dans un journal, le Bentley's Miscellany. Les trois premiers sont suffisament longs pour ressembler à de courtes nouvelles. Quant aux derniers, ils ressemblent plus à de courts articles de journaux qu'à un récit.
Le point commun des trois premiers est la ville de Mudfog, petit village anglais typique, caractérisé par sa boue et son brouillard : « Mudfog est une ville très humide, ce n'est pas pour autant ce qu'on pourrait appeler une station balnéaire. L'eau y est au mieux un élément pervers et cette vérité se vérifie tout particulièrement à Mudfog. » Et dans cette ville typique, se cachent des personnages typiques.
Comme M. Tulrumple, par exemple, héros de la première histoire La vie publique de M. Tulrumple. C'est au départ un charbonnier pauvre mais qui, réussissant dans la vie, devient peu à peu un notable. Si bien que, lorsque le maire décède, il est élu maire à sa place... Au grand dam des ses administrés !
C'est un récit bien ficelé, et plein d'humour. On y croise de beaux portraits de la nature humaine, bien croqués et avec beaucoup de finesse et une sorte de tendresse. Dickens a un sens de la formule qu'il utilise a bon escient : « C'est à cette époque qu'en dépit de la grande salubrité de l'atmosphère de Mudfog, le maire mourut d'une manière ou d'une autre. Ce fut un événement extraordinaire. Il faut dire qu'il vivait à Mudfog depuis quatre-vingt cinq années. Le conseil s'expliqua mal une telle indélicatesse et ce ne fut qu'au prix de mille efforts que ses membres parvinrent à dissuader un vieux gentleman, très respectueux des convenances de proposer le vote d'une motion de censure à l'encontre d'une conduite pour le moins inqualifiable. ».
Le deuxième récit, Rapport complet de la première réunion de l'Association de Mudfog pour l'avancement de toute chose, est le récit journalistique d'une réunion scientifique loufoque. Le journaliste sur place y décrit par le menu les mille événements bouleversant Mudfog à l'occasion de ce congrès, et en particulier cette question cruciale : dans quelle auberge les professeurs Poussif, Ronfleur et Dormeur vont-ils loger ? L'auberge du Cochon et de la Boite d'Amadou, ou l'auberge du Cochon original ? Il y a également un compte-rendu des réunions scientifiques, plus loufoques les unes que les autres.
Le troisième récit raconte le trajet en bateau jusqu'au lieu de la seconde réunion de l'Association, avant un récit plus étendu des discussions scientifiques, portant sur l'invention d'une machine à faire les poches (et qu'en penseront les petits malfaiteurs, ainsi privé de travail?), ou de policiers mécaniques à opposer aux jeunes aristocrates ayant envie de se défouler (mais ne préfereront-ils pas les vrais policiers?).
Ces deux derniers récits m'ont semblés un peu plus faibles, plus grotesques, et moins fins dans leur critique. Il y avait peut-être moins de tendresse envers les personnages, et, en tout cas, une volonté assumée de critiquer les travers de la société victorienne.
Lu dans le cadre du challenge victorien
Dans le cadre du challenge A little village in the countryside., sur whoopsy-daisie !