"Et Voronwë se tut, car la nuit était venue, et les étoiles étincelaient blanches et froides."
Je poursuis, avec toujours autant de bonheur, ma découverte des oeuvres complètes de Tolkien ....
Ces contes et légendes inachevées (malheureusement !) du Premier Âge sont constituées de deux histoires, terriblement belles toutes les deux, même si j'avoue une préférence pour l'histoire de Tuor.
"Et, l'amertume au coeur, il s'assit parmi les rochers sur la rive haute de la rivière, et veilla toute la nuit durant, une âpre nuit sans feu car on était seulement au mois de Sùlimë, et nulle haleine printanière n'avait encore effleuré ces terres de l'extrême nord, et un vent aigre soufflait de l'est."
Le premier conte parle du fils de Huor et de Rian, Tuor. Fait prisonnier et réduit en esclavage dès son plus jeune âge, il parvient à s'échapper et porte dans son coeur le désir de découvrir Gondolin et de rencontrer son roi Turgon. Après une errance de plusieurs mois, et la découverte de l'Océan, Ulmo met sur sa route un elfe, Voronwë, qui le guide jusqu'aux Sept Portes de Gondolin. C'est là que s'arrête le récit (beaucoup trop tôt, malheureusement).
J'ai adoré ce conte, les personnages, les paysages, cette lande désolée battue par les flots, l'intervention du Dieu, le voyage jusqu'en Gondolin et surtout la description des Sept Portes, mythiques, grandioses, divines. J'ai retrouvé un souffle homérique, comme si Tuor était une sorte d'Ulysse dont Gondolin serait l'Ithaque.
"Là, Tuor demeura longtemps assis, contemplant les remous et écoutant la rumeur perpétuelle des eaux, jusqu'à ce que vienne la nuit et que les étoiles brillent, froides et blanches, dans l'obscure ruelle du ciel, au dessus de sa tête. Et il éleva la voix et toucha les cordes de sa harpe, et couvrant le fracas des eaux, la mélodie de son chant et les douces vibrations de sa harpe éveillèrent les échos assoupis du rocher, qui, démultipliés, se propagèrent parmi les collines houssées de nuit, et ainsi jusqu'à ce que tout le grand pays solitaire s'emplisse de musique sous les étoiles."
La seconde, le Lai des enfants de Hurin, raconte l'histoire de Turin, fils de Hurin, et cousin de Tuor. Turin est un garçon aigre, orgueilleux, colérique. Je n'aime pas du tout ce personnage, beaucoup trop égocentrique, ni le reste de sa famille, qui partage ses défauts (que ce soit sa mère ou sa soeur). Du coup, je n'ai pas eu beaucoup d'intérêt à le suivre, m'y perdant dans tous ses changements d'identité. Il a fallu que sa soeur Nienor entre en scène pour que l'histoire reprenne un second souffle - et toute mon attention. La fin, tragique, la découverte de l'inceste, la malédiction presque grecque qui pèse sur le frère et la soeur m'ont passionnée.
Et puis, comme De Tuor et de sa venue à Gondolin, ce texte est merveilleusement écrit et très bien traduit. On dirait un long poème en prose, au vocabulaire précieux et aux tournures surannées, ce qui a encore augmenté le charme de l'oeuvre.
Vivement le 30 Octobre pour la suite !
"Et elle se détourna avec un cri et pris la fuite vers le sud, le long de la rivière, et tout en courant, elle rejetta son manteau comme se dépouillant de ténèbres qui lui tenaient au corps ; et elle était entièrement de blanc vêtue, et voletant parmi les arbres, elle scintillait sous les arbres."
Lu dans le cadre du Middle Earth Challenge
et du Challenge Mythes et Légendes
