"Est-ce le triomphe de la nuit ou la honte du jour qui fait que les ténèbres ensevelissent la terre, quand la lumière vivante devrait la baiser au front ?"
Lorsque Macbeth commence, la guerre que l'Ecosse mène contre la Norvège et la Suède vient de se terminer victorieusement. Un des généraux du roi s'est particulièrement illustré lors de cette guerre : Macbeth, thane de Glamis.
Le roi, Duncan, un homme sage et bon, décide de le féliciter en lui donnant le domaine d'un traître, et de le nommer thane de Cawdor.
Sur une sombre lande, Macbeth et Banquo rentrent de la guerre, sans rien savoir des décisions du roi. Leur chemin croise celui de trois sorcières, qui s'agitent sur la lande. Elles le saluent :
"Première sorcière : Salut, Macbeth ! salut à toi, thane de Glamis !
Deuxième sorcière : Salut, Macbeth ! salut à toi, thane de Cawdor!
Troisième sorcière : Salut, Macbeth, qui plus tard seras roi !"
Ces titres étonnent Macbeth et Banquo. Mais lorsqu'ils croisent le roi Duncan, et que celui ci annonce sa promotion à Macbeth, leur esprit est troublé : les sorcières diraient-elles vrai ?
Tant et si bien que Macbeth écrit à sa femme, lady Macbeth, pour lui dévoiler son plan : assassiner Duncan. Mais quand il la retrouve, il perd courage, aimant trop son roi pour le tuer. Lady Macbeth prend alors les choses en main, et pousse son mari au meurtre.
Les fils du roi, ayant fuit, sont accusés, et Macbeth devient roi à son tour, réalisant ainsi la prophétie des sorcières.
Mais il y avait une deuxième partie, dans cette prophétie : Banquo sera père de roi, et cela, Macbeth ne l'oublie pas. De peur de se faire assassiner, il fait tuer Banquo, mais le fils de celui-ci s'échappe.
C'est dans ce "mais" qu'est le climax de la pièce. Le reste n'est plus que chute : regrets coupables, bain de sang, trahisons, et nouvelles prophéties des sorcières, traîtres celles-là (mais les premières ne l'étaient-elles pas ?).
"Venez, venez, esprits qui assistez les pensées meurtrières ! Désexez-moi ici, et du crâne au talon, remplissez moi de toute la plus atroce cruauté ; épaississez mon sang ; fermez en moi tout accès, tout passage au remords. Qu'aucun retour compatissant de la nature n'ébranle ma volonté farouche et ne s'interpose entre elle et l'exécution ! Venez à mes mamelles de femme, et changez mon lait en fiel, vous, ministres du meurtre, quelque soit le lieu où, invisibles substances, vous aidiez à la violation de la nature. Viens, nuit épaisse, et enveloppe-toi de la plus sombre fumée de l'enfer : que mon couteau aigu ne voie pas la blessure qu'il va faire ; et que le ciel ne puisse pas poindre à travers le linceul des ténèbres et me crier : 'Arrête ! Arrête !'"
J'ai du mal à parler de cette pièce : c'est un chef d'oeuvre (mais j'ai pas l'impression d'être très originale en disant cela). Mon seul regret, c'est sa brieveté : tout va vite, très vite et j'aurais aimé que quelques passages soient plus développés. C'est un bijou de folie et de violence, plein de poésie.
Les personnages m'ont beaucoup touchés : il y a une forme de démence qui parcourt la pièce, comme si la première apparition des sorcières chassait la raison. Macbeth en particulier, m'a émue. Cet homme, cette marionnette dans les mains des femmes (les sorcières et sa femme), qui se laisse mener, obéit à des prophéties auto-réalisatrices, gomme en lui (ou du moins le tente) toute forme de sentiment et de eremors et se rend compte dans un moment de désespoir de la vanité des actions humaines :
"Seyton : La reine est morte, monseigneur.
Macbeth : Elle aurait dû mourir plus tard. Le moment serait toujours venu de dire ce mot là !... Demain, puis demain, puis demain glisse à petits pas de jour en jours, jusqu'à la dernière syllabe du registre des temps ; et tous nos hiers n'ont fait qu'éclairer pour des fous le chemin de la mort poudreuse. Eteins-toi, éteins-toi, court flambeau ! La vie n'est qu'un fantôme errant, un pauvre comédien qui se pavane et s'agite durant son heure sur scène et qu'ensuite on n'entend plus ; c'est une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie et qui ne signifie rien..."
(je n'ai qu'un mot à dire : Ah ! C'est grandiose !!)
Il ne me reste plus qu'un seul souhait maintenant : le relire en anglais... (et voir l'adaptation par Orson Welles et celle de Polanski tant que j'y suis...)
Lu dans le cadre du challenge Pièces de théâtre.
C'est un Classique anglais.