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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 09:00

Je suis une grande amoureuse de la peinture de la Renaissance italienne, de sa grâce, de sa nonchalence, de la perfection de ses teintes, mais je reste assez aveugle aux charmes de la Renaissance flamande.

Sauf à l'un de ses peintres : Lucas Cranach l'ancien.

 

Quand j'ai vu que le Musée du Luxembourg, auteur des splendides expositions Titien et Botticelli, entre autres, faisait une rétrospective Cranach, j'ai sauté à pieds joints !

 

Cranach.jpg

 

Malheureusement, cette exposition n'est pas à la hauteur des précédentes : s'il y a quelques oeuvres splendides (sur lesquelles je vais revenir), j'ai trouvé l'ensemble assez médiocre.

L'exposition présente en particulier des gravures, sur lesquelles je n'ai pas du tout accroché. Peut-être qu'une observation attentive et longue m'aurait permis de me laisser toucher, mais, comme dans toutes les expositions du Luxembourg, il y avait un monde fou, qui ne laissait pas le loisir de se perdre dans ses oeuvres.

 

La plupart des oeuvres présentées sont un peu grotesques, caricaturant à l'excès les particularités physiques qui font le charme de ses chefs d'oeuvres : corps difformes, fronts exacerbés, femmes étranges ..;

 

Mais, il y a ses femmes nues. Mystérieuses. Dorées. Langoureuses. Femelles ressortant sur un fond noir et uni.

A titre de comparaison, l'exposition présente deux versions de Lucrèce se suicidant (à l'intention de la mère de famille qui était à côté de moi avec ses ados lorsque je regardais ces tableaux : non, cette Lucrèce n'est pas Lucrèce Borgia, mais une noble romaine, violée par Sextus Tarquin, qui se suicide pour échapper au déshonneur. Bref.). La version italienne, de Francesco Francia, montre une douce madonne, au regard levé vers le ciel, sur un fond verdoyant et paisible.

 

001785 005001 0     lucrece-cranach.jpg

 

Celle de Cranach, une femme attiffée comme une prostituée, nous regarde langoureusement droit dans les yeux, sensuellement, en nous rendant témoins de son acte.

 

87559_1293533672_cranach3.jpg

 

D'autres femmes sont présentées : la Justice, d'où vient l'affiche, une nymphe allongée, tès italienne, une Salomée portant la tête de Jean-Baptiste, toutes dans la même harmonie de formes et de couleurs, lascives et féminines.

 

Pour ces 4, 5 tableaux, l'exposition vaut le coup (peut-être pas les 9€ ...). Mais passez vite devant les autres.

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 09:00

Cette exposition, consacrée au mouvement De Stijl et à son représentant le plus célèbre, Mondrian, se divise en trois parties, assez mal reliées entre elles.

Dans les premières salles, une histoire du mouvement De Stijl est montrée. Des tableaux de jeunesse de ceux qui en seront les représentants, sont exposés. C'est au début un résumé des styles avant-guardistes des premières années du XXème siècle : tel portrait de Mondrian fait penser à du Klimt

Mondrianfleur.jpg

Tel paysage de dunes rappelle les couleurs de Van Gogh

Dunesmondrian.jpg

Il y a également quelques oeuvres d'autres artistes du mouvement De Stijl, comme Theo Van Doesburg, mais de moins belle facture que celles du Mondrian. Mais généralement, malgré quelques oeuvres splendides (comme l'Arbre de Mondrian, ci dessous) cette partie ne m'a pas enchantée : on dirait du Klimt ou du Van Gogh, mais en moins bien ...

arbregris.jpg

 

Alors qu'arrivée dans la seconde partie, consacrée à Mondrian et à son style si particulier, j'ai été enchantée ... Déjà parce que ces lignes droites et noires coupant une toile blanche comme la neige, parce que ces couleurs franches, parce que ces symboles géométriques me séduisent au delà de toute expression !

Mondrian1.jpg

Et en voir beaucoup, les uns après les autres, dans la même pièce, apporte un supplément indéniable à l'oeuvre de Mondrian. Les cadres deviennent des fenêtres ouvertes sur un autre univers infiniment plus simple que le nôtre, formé de lignes noires et de carrés de couleurs, doté de règles physiques différentes des nôtres. Comme une ouverture sur un monde de science-fiction poussé à l'extrême.

Mondrian2.jpg

Ou les cadres semblent des pages écrites dans un langage inconnu, et le regard les parcourt les unes après mes autres comme s'il déchiffrait une histoire.

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Après un passage dans une reconstitution de l'atelier de Mondrian (sans grand intérêt, on se croirait chez Ikea), on découvre la troisième et dernière partie de l'exposition : de l'influence de ce courant pictural dans l'architectural.

Là, les lignes droites parlent et deviennent des poutrelles, les carrés de couleur des parois et les espaces blancs des vides où le regard se perd.

Mondrianarchitecture.jpg

J'ai été très étonnée de découvrir à quel point ces artistes, et Mondrian en tête, avaient révolutionné la manière d'appréhender l'architecture et la décoration.

Si j'ai dans ma cuisine un mur - et un seul  - de brique, c'est en quelque sorte à Mondrian que je le dois ...

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 12:00

meroe0.jpgLa seconde exposition que nous avons été voir concerne une région dont je connais encore moins l'histoire que l'Arabie Saoudite : le Soudan.

Entre le 3ème siècle avant JC et le 4ème siècle de notre ère, s'est développé entre les rives du Nil bleu, du Nil et de l'Atbara, dont la capitale était Méroé. A cette époque, l'Egypte était sous domination grecque puis romaine : ces trois civilisations, surtout la première d'ailleurs, ont nourri l'art de Méroé.

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Cet empire, qui succède au Royaume de Napata, a été créé par le roi Arkamani Ier : c'est le premier à se faire enterrer dans une pyramide au sud de la cité, où ces successeurs ont concentré leurs constructions. C'est une monarchie centralisée, qui regroupe des peuples aux modes de vie divers, des agriculteurs sédentaires, comme des bergers. Le roi est un homme, nommé qore, et représenté habillé de vêtements richement ornés, d'un bonnet kouchite, d'un manteau, d'un châle et d'un bandeau porté en bandoulière et orné d'un pompon (tout est dans le pompon !)

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Une reine, appelée Candace, peut parfois recevoir le pouvoir...

La civilisation méroïtique s'inspire énormément de la culture égyptienne. Des dieux, comme Amon, Isis ou Osiris , font partie du panthéon, à égalité avec des dieux hérités des civilisations antérieures : Sebioumeker le dieu roi, Arensnouphis le dieu chasseur, Masti le dieu Soleil, Apedemak et son épouse Amesemi.

Les pratiques funéraires sont multiples, de l'enterrement sous tumulus pour les petites gens, jusqu'à la construction de pyramides somptueuses, inspirées de l'Egypte, pour les rois.

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L'autre aspect très intéressant de cette civilisation, ce sont ses écritures. Elle en possède deux, une écriture cursive pour les usages quotidiens et une écriture hieroglyphique pour les textes sacrés. Elles sont composées de signes provenant de l'égyptien ancien, mais ne possèdent que 24 caractères et fonctionnent de manière syllabique, comme le grec ou le latin. Bien qu'elle soit déchiffrée, elle n'est pas encore traduite, même si elle se rapprocherait de langues encore actuellement parlées dans certaines régions du Soudan.

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L'empire disparait au 4ème siècle, après un déclin d'une centaine d'années, se traduisant par des bâtiments royaux moins somptueux. Finalement, les pressions exterieures finissent par démanteler cet empire. La culture sombre à son tour, sous l'influence du christianisme, avant d'être redécouverte au XIXème siècle.

meroe4.jpg

Cette toute petite exposition, très bien faite (pour une fois, je dirais ... ), m'a permis de découvrir cette culture qui m'était avant complètement inconnue. Les traditions égyptiennes y sont retravaillées à l'aune de cultures ancestrales : c'est un merveilleux mélange qui s'établit là, avec des panthéons qui cohabitent sans aucune difficultés.


A méditer ...


 

Toutes les images sont tirées du dossier thématique de Louvre consacré à Méroé.

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 09:00

routesdarabie0.jpgSamedi, nous avons été au Louvre pour profiter de deux expositions d'archéologie, sur des régions de la Terre que je ne connais pas du tout : le Soudan, avec Méroé, un empire sur le Nil, et l'Arabie Saoudite, avec Routes d'Arabie - Archéologie et histoire du Royaume d'Arabie Saoudite.

Commençons par la plus imposante .... Routes d'Arabie réunit des centaines de pièces allant de la préhistoire la plus ancienne jusqu'à l'époque moderne. Les dernières pièces sont des photos datant du début du XXème siècle.

Difficile de synthétiser 2 millions d'années d'histoire en quelques salles, et d'autant plus difficile que l'histoire de cette région m'est totalement inconnue.

Après avoir vu quelques outils taillés datant de l'Oldowayen (époque d'Homo habilis) et du Paléolithique supérieur, nous entrons dans le néolithique. J'ai beaucoup aimé les statues menhir, très proches de celles qu'on peut trouver en Europe à la même époque, ou des statues grecques cycladiques. Je trouve ces êtres hiératiques, dont seuls les traits les plus marquant se détachent de la roche, d'une beauté très sobre et moderne.

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Deux statues anthropomorphes

 

Le temps passant, on voit l'Arabie sortir de la Préhistoire et devenir un carrefour des cultures. En particulier, l'influence de sa belle voisine la Mésopotamie devient de plus en plus visible ; mais d'autres contrées nourrissent cette presqu'île : on retrouve des traces des civilisations de l'Indus, ou de l'Egypte parmi les restes retrouvés. Les routes de l'Encens, nourries par la demande sans cesse croissante de cette matière pour les cérémonies religieuses, se mettent en place, créant des cités caravanières d'une immense richesse.

Des royaumes prospères se développent à partir des oasis. L'un d'entre eux, le Royaume de Lihyan est plus particulièrement présenté dans l'exposition, avec trois statues colossales et admirablement belles...

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routesdarabies4.jpgStatues de rois de Lihyan

 

 

Des photos de tombes plus récentes (premier siècle après JC) provenant de Hégra m'ont fait penser au site de Pétra. L'influence gréco-romaine se fait sentir, dans le style quasi-classique des entrées des sépultures.

L'exposition explique avec force détail la manière dont ces façades ont été sculptées, montrant l'ingéniosité et l'immense savoir faire technique de ce peuple.

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Photos du site d'Hégra, provenant du site du CNRS.

 

L'influence romaine devient encore plus prégnante après la conquête de l'Arabie par Trajan, comme le montrent de nombreuses pièces présentées dans l'exposition.

 

Le second volet de l'exposition porte sur l'apparition de l'Islam, l'établissement des routes de pélerinage et le rôle de La Mecque et de Médine. L'art devient beaucoup plus élaboré ; les empires s'agrandissent ; culture et science se développent. Mais parmi les oeuvres les plus émouvantes de cette partie se trouvent les nombreuses pierres tombales provenant d'un cimetière situé au nord de La Mecque, où des personnalités importantes de l'Islam sont enterrées.

Ces pierres, souvent de basalte, sont admirablement sculptées, montrant la beauté de l'écriture arabe. C'est une vraie démonstration de caligraphie !

routesdarabies7.jpg

Une des épitaphes est traduite et m'a beaucoup touchée (comme vous le savez déjà, j'aime les épitaphes !)

"Que son tombeau soit abreuvé par les nuages chargés de pluie qui se déverseront sur lui en ondée

Ci-gît le jeune homme enlevé aux siens et à ses aimés [...]

Chaque jour la mort déploie son linceul mais pourtant nous demeuront insouciant à ce qui nous attend

Ne te fie pas à ce Bas-Monde et à sa beauté même si la belle se pare de ses plus beaux atours

Que sont nos aimés devenus et nos proches qu'ont-ils fait ?

Où sont ceux qui étaient apaisement ?

La mort leur a fait boire la coupe impure

Ils sont devenus otages sous la terre accumulée"

(On dirait du Lamartine ...)

Enfin, l'exposition montre des objets provenant de ses lieux saints, comme la serrure du Sanctuaire de Médine, ou la porte de la Ka'ba, monumentale et splendide.

 

J'ai beaucoup aimé cette exposition, même si mon inculture m'a sauté aux yeux (je me suis d'ailleurs beaucoup aidée de ce blog pour réunir et ordonner mes souvenirs sur l'expo ...) En dehors de l'histoire européenne, je ne connais rien, ou presque. C'est quelque chose qui m'a beaucoup gênée pour m'y retrouver au milieu de ces centaines d'oeuvres. Et d'autant plus que la muséographie du Louvre reste encore très indigente. Même si des efforts de pédagogie ont été effectués, je les trouve encore bien loin du talent montré par les muséologues anglo-saxons.

Quoiqu'il en soit, je vous conseille cette magnifique exposition, ouverte jusqu'au 27 Septembre prochain !

 

La seconde exposition à suivre ...

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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 00:00
Dimanche dernier, nous avons été voir l'exposition Soulage à Beaubourg. Comme je l'ai dit plus avant, je connais très mal l'art moderne et, même si ce n'était pas la première fois que je voyais des oeuvres de cet artiste, c'est la première fois que j'en voyais beaucoup. Enormément. C'est comme une plongée dans un univers où on suit petit à petit l'évolution d'un artiste et comment il va découvrir une nouvelle manière de créer de la beauté.
Dès les oeuvres les plus anciennes, j'étais séduite : elles m'ont fait penser à de la calligraphie chinoise, des lettres, des messages tracés en noir sur un fond éclatant de blancheur, une histoire qu'on ne peut pas comprendre mais qui nous saisit par la manière dont elle est dessinée.
Mais ... il y a dans ces traits noirs une puissance, une autorité, une sorte de violence qui s'écarte de l'art asiatique et se relie à l'époque moderne et industrielle.

Petit à petit, le tracé perd de son importance : la couleur, le contraste devient de plus en plus fort. Le noir finit par s'étaler, prendre de l'espace sur la toile, s'imposer. Certains de ces tableaux, tout en couleurs sombres, des formes noires ressortant à peine sur un ciel tourmenté d'un brun orageux m'ont fait pensé à certaines de ces dessins de Victor Hugo, où pèse une ambiance lourde.

Et le noir continue de s'étendre, il finit par prendre presque toute la place, un tableau où juste un rectangle de blanc subsiste tout en bas de la toile, presqu'écrasé par la masse sombre qui le supplante.

Et puis - et là, la muséographie de Beaubourg est parfaite - il ose le tableau totalement noir. Il ose le noir comme matière qu'ils sculpte pour en faire sortir l'éclat. J'avoue que ce n'est pas ce que j'ai préféré de l'exposition. Si l'idée de l'outrenoir est intellectuellement intéressante, je "n'aime pas" et cela ne fait naître en moi aucune émotion. Je trouve cela trop propre, trop droit, presqu'industriel. Mais ... L'utilisation qu'il fait du noir dans ses dernières oeuvres ... Le noir comme matière, le jeu sur les textures, le noir mat et le noir brillant, les stries dans la profondeur de la peinture ... Ca donnait envie de se perdre dedans, de se laisser envoûter et de lâcher prise. Il y a peu de tableaux qui m'ont enlevée comme ceux de Soulage l'ont fait. Et c'était tellement beau que j'ai envie d'y retourner !
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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 12:54
Hier soir, c'était FIAC. C'était la première fois que j'allais dans un événement de ce type, même si ça fait quelques années que j'en caressais l'idée. Mais c'était tellement ... intello, élégant, haute-culture que je ne m'imaginais pas me ballader dans ce lieu. Surtout que l'art moderne et moi, c'est ... une méconnaissance totale. C'est pas que je n'aime pas ça, bien au contraire, mais je suis d'une ignorance crasse. Pour les anciens modernes, passe encore, je me débrouille et suis capable de reconnaître un Mondrian quand j'en vois un. Mais la culture en train de se faire ? Ouh la la, c'est la panique.
Sauf que j'ai pris un abonnement annuel spécial jeunes au Louvre, et que j'ai reçu dans la semaine une invitation pour moi et quelqu'un d'autre à aller visiter gratuitement la FIAC, vendredi soir, de 18h à la fermeture. Nous avons hésité entre le Grand Palais et le Louvre mais la description dans le Monde de l'exposition du Grand Palais nous a décidé. Qui résisterait à ça : "Au centre du Grand Palais, plusieurs grands marchands étrangers et français se sont réunis pour composer un pavillon des splendeurs. Il s'ouvre sur un Brancusi historique. Suivent trois Picasso de premier ordre, un Beckmann exceptionnel, deux Calder inouïs, un Mondrian parfait, deux Léger inoubliables et, quand on en vient à manquer d'adjectifs, voici que se présentent trois Bacon à tomber à genoux." ? Alors nous sommes allés au Grand Palais.

Déjà quelques mots sur l'ambiance. L'immense espace du Grand Palais, la verrière somptueuse que je ne me lasse pas d'amirer, le tout délimité par des espèces de boîtes blanches, un cube par gallerie. Sur les murs blancs, des oeuvres exposées. Un mélange entre l'ambiance d'un musée et celle d'une foire aux vins. Etrange, mais pas désagréable. Etrange aussi de voir ces petits points rouges : vendu. Petite pointe de jalousie envers ces particuliers qui peuvent prendre ces oeuvres et les ramener chez eux. Et joie de les avoir vues avant qu'elles ne disparaissent dans un appartement privé. C'était amusant également de regarder les gens dans les allées. Je m'attendais à voir surtout des gens d'un certain âge. Que nenni ! Etait-ce l'effet "carte jeune" du Louvre ? Les allées regorgeaient de jeunes entre 20 et 30 ans. Mais tout le monde, jeunes, vieux, hommes, femmes, étaient d'une élégance soutenue et raffinée, originale et recherchée.

Et puis, les oeuvres... Oui, le journal avait raison, il y avait du beau monde, Soulage en tête. Quelle puissance, quelle beauté, quelle force dans ces larges tracés noirs. J'ai tellement hâte de voir l'exposition à Beaubourg !

















Un énorme coup de coeur pour un Mondrian, également, caché dans un repli de la Gallerie du "Projet Moderne" (la galerie dans la galerie qui regroupe les artistes les plus célèbres)
Au même endroit, un Calder malicieux, admirablement éclairé, nous présentant deux faces de son sourire. J'aime ...
Un autre tableau (je ne me souviens plus du nom de l'artiste, si quelqu'un peut me renseigner je lui serais éternellement reconnaissante) qui m'a énormément touché, j'aime les variations de bleu et de rouge qui le composent, le volume créé par les formes et l'équilibre du tableau.


Et puis, un Brancusi merveilleux, un Rothko fantastique, quelques Picasso (que je n'ai pas aimé, mais on ne peut pas tout aimer) ...


Et il y a le reste. Celui que je ne connaissais pas. Alors, évidement, il y a énormément de choses que je n'ai pas aimé, qui ne m'ont pas touchée, voir qui m'ont dégoûtée. Mais ... Mais j'ai eu quelques instants de grâce.
Je vous fais cadeau de trois d'entre eux.




Déjà, ce Striking de Claire Morgan. Etonnante, la manière dont cette artiste a su capturer l'instant, le moment, le coup de fusil et l'oiseau qui tombe, destabilisé, l'infime seconde où le petit  être passe du vivant au mort, le dernier battement du coeur minuscule. Un geste de grâce absolue, à la fois d'une grande tristesse et d'une beauté saisissante. Je crois que c'est l'oeuvre qui m'a le plus saisie de toute cette FIAC.




Ensuite (et là, je n'ai pas noté le nom de l'artiste), cette délicate toile de rouge et de bleu, une toile d'angle comme il existe des bibliothèques pour habiller ces recoins, aux lignes qui se mêlent, qui se jouent de nos yeux et de notre cerveau. J'adore !

Enfin, et c'est un des styles que j'ai vu assez courament dans les galeries, ce jeu sur les miroirs. Le spectateur devient lui même l'objet du spectacle, tandis que l'artiste se joue des volumes et des espaces. Je pense en particulier à cet ensemble d'une dizaine de cadres sombres, installés côte à côte, chacun portant un miroir de plus en plus grand, depuis le premier où il n'y en a pas, jusqu'au dernier où le
miroir empli l'espace.

Mais j'ai particulièrement cette sculpture, en forme de L, dont un bras est un pointillé de miroirs, déformant complètement l'espace dans lequel il se trouve. Je suis restée quelques temps devant, et me suis amusée de la réaction des passants. Surpris de se voir tout d'un coup en face d'eux, et de se perdre en se décalant d'un pas. Certains s'observant, corrigeant la boucle d'une mèche ou la courbure d'un chapeau, soignant l'oeuvre d'art qu'ils sont eux même (car le soin qu'ils apportent à leur vêtement, leur coiffure ou leur maquillage les transforme de fait en oeuvre) face à cette sculpture étrange.

Et puis, tant d'autres choses !
De l'humour, comme ce canard de Richard Jackson. Des photos toutes plus belles les unes que les autres. Des photos de vie, ici et ailleurs. Deux photos côte à côte du même couloir d'hôpital, devant une porte vert d'eau. Une chaise. Sur la photo de droite, la chaise est vide. Sur celle de gauche, elle est occupée par un individu, effondré sur lui même. Et de la superposition nait le rêve, les questions, la beauté, l'art. On est dérangé aussi, destabilisé. Cet étalage de pâtisseries, de toutes les couleurs, gelées roses et bleues, fraîches comme des bonbons acidulés ; et quand on s'approche de plus près, des gros insectes noirs, morbides, des papillons de nuit crevés au milieu des douceurs.

Ahhhh, je ne regrette pas du tout cette escapade. J'ai été parfois déçue, mais beaucoup moins souvent que je ne l'imaginais. Et j'ai été émue, et souvent. Je referai l'an prochain, avec ou sans carte Louvre.



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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 16:51
Ca faisait bien quelques jours que je voyais des affiches un peu partout dans Paris, le profil assez énigmatique d’une jeune femme ultra maquillée, un sourire figé sur les lèvres, sans parvenir à trancher : est-elle réelle ou est-ce une poupée de cire ?

Et puis, en fouinant sur le web, je suis tombée sur une critique qui m’a bien donné envie d’y aller http://bmr-mam.over-blog.com/article-34018654.html, à l’exposition de Martin Parr.

Il faisait beau hier, et je me suis dit qu’une ballade aux Tuileries serait une activité bien agréable. Après avoir slalomé entre les groupes de touristes japonais et les familles de touristes américains, j’ai fini par arriver, non pas à l’expo elle même (au musée du Jeu de Paume), mais à l’expo de quelques photos de Martin Parr devant l’entrée du Jeu de Paume.

Une vraie merveille de cynisme ! En une petite quinzaine de photos, Martin Parr décrit la vulgarité, l’indécence du tourisme de masse. Il procède par juxtaposition pour nous faire ressentir le décalage entre les merveilles du monde, et les catastrophiques personnes qui les visitent. Juxtapositions d’un présentoir à cartes postales souillant la neige blanche et les sommets des Alpes suisses ; juxtaposition d’une vache sacrée indienne et de touristes occidentaux en maillots de bain ; plus dérangeante photo d’une enfant blonde sur une jeep que poursuivent des gamins noirs.

C’est une dénonciation assez brutale du tourisme de masse qui suit plusieurs angles. Les touristes exploitent les pays dans lesquels ils vont, car, sous le prétexte de richesse, ils se comportent en vainqueurs et abusent de la pauvreté, voire de la misère d’autrui : on voit une occidentale marchander des ceintures colorées que des femmes du coin, dont certaines ont l’air franchement misérables, se précipitent pour lui vendre. Martin Parr se moque également de cette mode du « faire » : on ne va pas visiter un pays, on le « fait » (et on ramène des photos pour faire bisquer les voisins). Sur presque toutes les photos, on voit une caméra ou un appareil photo ; des groupes se font photographier devant des monuments typiques, gâchant par la vulgarité de leur accoutrement, par les couleurs criardes de leurs vêtements, la beauté du Parthénon ; un homme bedonnant, assis sur un âne conduit par un autochtone, filme devant lui.

Et enfin, Martin Parr se moque avec une cruauté réjouissante de la vulgarité intrinsèque des touristes. Est-ce parce qu’ils ne sont pas chez eux que certains se croient autorisés aux pires mélanges vestimentaires ? L’homme à la chemise rose pétard et aux épaisses bagues d’or à chaque doigt, admirant un temple inca solennel restera comme un modèle du genre !

Et le pire, c’est qu’il suffisait de se retourner et d’observer, en laissant traîner ses yeux sur le jardin des Tuileries et la place de la Concorde, mille et mille exemples qui auraient mérité d’y figurer !
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