Dans une cuisine parisienne de la seconde moitié du XIXème, un grand repas se prépare. Des araignées de mer agonisent dans une casserole d'eau bouillante, sous l'oeil fasciné et dégoûté de la bonne. Plus tard, alors qu'elle sert dans la salle à manger remplie d'élégants et de femmes du monde, un tremblement la prend, puis des convulsions. Au matin, son œil droit est fermé et refuse catégoriquement de s'ouvrir. Lors d'une visite à l'hôpital de la Salpêtrière, on lui apprend qu'elle souffre d'hystérie : pour que le grand professeur Charcot puisse l'étudier, elle est condamnée à rester internée dans l'hôpital. Entourée d'autres femmes atteintes, certaines à moitié folles, elle comprend vite que son internement peut durer très longtemps.
Par chance, une crise la fait remarquer du professeur Charcot, qui comprend vite l'intérêt qu'Augustine peut avoir pour ses recherches. Il en fait son cobaye, à exhiber lors de ses cours, situation qu'elle accepte en espérant être guérie, et assez heureuse de l'intérêt qui se développe à son sujet. Petit à petit, la volonté d'Augustine d'être traitée en égal, et son charme animal retourne la relation de dominance entre eux...
C'est un très bon film historique que j'ai beaucoup aimé. La reconstitution des hopitaux du XIXème est glaçante : l'état de misère, de mal-propreté dans lequel étaient soignées les patientes fait peur et est d'autant plus accentué par l'aisance dont profitaient les médecins. Symptôme d'une société malade de pruderie, l'empressement des collègues de Charcot à venir voir s'exhiber une hystérique rend mal à l'aise. Viennent-ils vraiment à une leçon magistrale, ou n'est-ce pas plutôt la perspective d'une belle fille à moitié dévêtue et prise de convulsion qui excite leur intérêt ? Charcot, conscient de cette ambigüité, mais obligé malgré lui d'y participer dans l'espoir d'obtenir des financements est touchant. Mais ce qui frappe par dessus tout dans ce film, c'est l'actrice jouant Augustine, Soko. A aucun moment, et même dans les scènes les plus difficiles, on ne voit l'actrice derrière le rôle. C'est Augustine, avec sa volonté de fer, son intelligence pratique, son désir de vie, sa fascination pour le docteur, que l'on découvre.