"Nous ne sommes pas dans un roman policier, Joséphine. Nous sommes à Three Gables, Swinly Dean, et vous êtes une petite sotte qui a beaucoup trop lu pour son bien."
Egypte, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Charles fait la rencontre de la belle Sophia Leonides dont il tombe amoureux. Ils décident de repousser leur fiançailles à leur retour en Angleterre.
Lorsque Charles rentre deux ans plus tard, il découvre le jour même de son retour, juste après avoir envoyé un télégramme à Sophia, que le grand-père Léonidès, le patriarche de la famille de Sophia, est mort. Et quand il voit Sophia, elle lui annonce cette terrible nouvelle : c'est un assassinat ! Qui est coupable ? Un des membres de sa famille : une belle-soeur, deux fils, leurs épouses, leurs enfants, une nouvelle épouse universellement détestée. Chacun a un mobile : l'homme était riche. Ses fils auraient eu besoin d'argent, sa jeune femme vivait une amourette avec le précepteurs des petits.
Par un hasard bien étrange, Charles est le fils d'un commissaire adjoint de Scotland Yard, et son père est chargé de l'enquête. Entre ses connections avec la famille de la victime, et celles qu'il a avec la police, Charles est le mieux à même de régler le mystère. Va-t-il y arriver ?
"Des assassins ? J'en ai connu de bien sympathiques ..."
J'ai retrouvé l'ambiance des Agatha Christie avec plaisir, et celui là m'a encore plus enchantée que ceux dont j'avais le souvenir... J'ai adoré le narrateur, ce jeune homme qui rentre de l'étranger, ne sachant plus où est vraiment sa place, petit garçon ou jeune homme. Et d'autant plus dans la famille de sa bien-aimée, où il est tantôt le futur gendre à qui l'on se confie, et tantôt le fils de l'inspecteur dont on se méfie.
Un autre personnage que j'ai beaucoup aimé, c'est sa fiancée, Sophia. La Sophia qui vient voir Charles en lui disant qu'elle espère que c'est le 'bon' meurtrier qui a fait le coup. C'est une notion très intéressante, celle du 'bon' meurtrier... L'étranger à la famille est tellement plus simple à accuser ; le crime passionel tellement plus facile à admettre que le crime crapuleux...
Et pourtant Sophia, bien qu'espérant que sa belle grand-mère est la coupable, possède au fond d'elle l'intégrité d'aller chercher sous le nez de son père ou de son oncle, pour s'assurer au fond d'elle qu'ils sont innocents.
"Et pourquoi n'aurais-je pas eu peur ? Peur d'être au-dessous de ma tâche ? Peur, lorsque le moment serait venu de presser sur la détente d'un fusil, d'être incapable de me contraindre à faire le geste nécessaire ? Comment être sûr que c'est bien un nazi qu'on va tuer ? Qu'on ne va pas abattre un petit gars qui n'a jamais fait de politique et qui est là, simplement parce qu'on l'a mobilisé pour défendre son pays ? La sainteté de la guerre, je n'y crois pas ! Comprenez-vous ? Je n'y crois pas ! La guerre est mauvaise."
Enfin, l'aspect que j'ai préféré, et qui m'avais moins marquée dans les précédents Christie que j'avais lu (était-je trop jeune ? Ou Hercule Poirot est-il un détective qui ne laisse de place à ce qu'il l'entoure ?), c'est l'importance du contexte historique et social. Nous sommes à Londres, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et ce fait en dans toutes les têtes. Celui qui est trop lâche pour être soldat fait un coupable idéal à jeter à la vindicte médiatique.
"Impossible, vraiment, que cet homme-là eût transvaser de l'ésédrine dans une fiole d'insuline. Il aurait cassé les verres en les manipulant."
Et en plus, j'avais deviné qui était le coupable !! C'est bien la première fois que ça m'arrive chez Agatha...
Lu dans le cadre du challenge Three Christies for Christmas