"The death of the king was a great blow to the "Conservative Cause" ; that is to say it darkened the brow of Tadpole, quailed the heart of Taper, crushed all the rising hope of those numerous statesmen who believe the country must be saved if they receive twelve hundred-a-year. It is a peculiar class, that; 1,200l. per annum, paid quaterly, is their idea of political science and human nature. To receive 1,200l per annum is government ; to try to receive 1,200l. per annum is opposition; to wish to receive 1,200l. per annum is ambition."
Benjamin Disraeli esty bien connu pour avoir été le premier ministre de la Reine Victoria, mais il était aussi un écrivain à succès et un grand amateur de Jane Austen (il dit avoir lu Pride and prejudice dix-sept fois !).
Et pour mieux le connaître, j'ai décidé de lire Coningsby, le premier de ses romans dits "politiques". Le roman suit la jeunesse de Coningsby, un orphelin pris en charge par son grand-père, Lord Monmouth, un des chefs du parti Conservateur. L'adolescence de Coningsby est un moment doré, entre ses voyages un peu partout en Europe et ses études à Eton où il montre sa brillante intelligence et se fait des amis fidèles. Parmi ces amis, se trouve le fils d'un des pires ennemis de Lord Monmouth, Millbanks, un entrepreneur à succès, membre du parti libéral.
Lord Monmouth va évidemment très mal vivre cette amitié, et surtout l'amour qui se développe entre Coningsby et Edith, la fille de Millbanks ...
C'est très joli roman d'apprentissage : Coningsby représente le politicien idéal selon Disraeli, brillant, droit, fidèle à ses idées et ses sentiments, et doué d'un charisme qui transparait à travers les pages. Cette formation est émaillée de plusieurs rencontres, Rigsby (l’exécuteur des basses oeuvres de son grand père), le séduisant et brillant Sidonia, Millbanks ..., qui vont peu à peu le construire. Et l'histoire d'amour au milieu est ravissante à souhait. La déclaration suit les poncifs du romantisme, j'adore ça !
Il y a également une très jolie galerie de personnages. Je ne sais pas si Disraeli s'inspirait de personnes connues pour dresser ses portraits, mais il arrive à les rendre vivants, complexes, présents. Lord Monmouth, en pater familias jouisseur, égoïste et charismatique, est extraordinaire. Il m'a fait penser à Tywin Lannister, pour les lecteurs de Game of thrones. Et, en décrivant certains personnages secondaires, constitutifs de la cour qui entoure les hommes politiques, Disraeli fait preuve d'un humour à la Dickens.
"No government can be long secure without a formidable opposition. It reduces their supporters to that tractable number which can be managed by the joint influence of fruition and hope. It offers vengeance to the discontented, and distinction to the ambitious; and employs the energies of aspiring spirits, who otherwise may prove traitors in a division or assassins in a debate."
Voici pour les aspects que j'ai aimé de ma lecture. Mais le roman a quelques défauts, en particulier un problème de rythme. La moitié du roman environ concerne une fine analyse politique des principaux partis anglais dans les années 1830-1840. C'est certainement d'un très grand intérêt pour les historiens qui ont ainsi accès aux opinions personnelles de ce grand homme politique mais ... c'est franchement ennuyeux quand on n'est pas dedans. Surtout que les orientations politiques des partis ne sont pas décrits (j'ai toujours pas vraiment compris ce qui différencie les Whigs des Tories et des conservateurs, malgré quelques incursions chez wikipédia) et que l'étude concerne principalement les rapports de force entre partis et courants. Même si la politique politcienne m'amuse beaucoup, même si ces passages m'ont permis de voir que certaines choses n'ont pas changé depuis presque deux cents ans, ces passages étaient beaucoup trop long !
Et par conséquent, certains passages du roman sont presque bâclés. La fin en particulier, résume en quelques pages toute une série d'événements qui auraient, je pense, mérité d'être approfondis.
Lu en anglais
Lu pour le challenge victorien