"- You must feel an almost pathological need - understandably - to stand between your son and the world.
- Yeah, it's called being a mother."
Attention, il y a des spoilers dans ce billet. Ce n'est pas un roman à suspens et je trouve difficile d'en parler sans aborder des thèmes qui se situent dans la seconde moitié du livre, mais si vous ne supportez pas cela, lisez vite Room et revenez lire le billet après.
Le jour où commence ce récit, Jack est un petit garçon heureux : c'est son anniversaire, il a cinq ans et sa mère lui a fait un splendide dessin comme cadeau. Seule ombre au tableau : il n'y a pas de bougie sur son gâteau d'anniversaire, sa mère ayant préféré demander comme "Sunday treat" à "Old Nick" des anti-douleurs.
La journée se passe comme tous les autres, entre un dessin animé de Dora l'exploratrice et des courses autour du lit, un bain avec sa maman et la lecture d'un livre le soir. Normalement ? Pour Jack, oui. Mais pas pour nous qui devinons assez vite que Jack et sa mère sont enfermés, tenus en otage depuis des années par l'homme qui a enlevé et violé sa mère.
Alors, quand Jack et sa mère parviennent à s'enfuir, c'est d'abord un soulagement qui s'empare de nous avant que, par les yeux de cet enfant tout ce qu'il y a de plus innocent, nous ne découvrions la barbarie de notre monde.
Ce roman est une merveille et je ne sais pas par quel bout commencer pour en parler.
Peut-être parce qu'il n'est pas : il n'est pas glauque, il n'est pas vulgaire, il n'est pas sombre. Le regard de Jack, à travers lequel se déroule ces quelques mois, est tellement innocent, est tellement vierge que cette abomination qu'est la Room nous apparait comme une normalité étrange. Après tout ? Il n'a rien connu d'autre et vit ici une sorte de paradis fusionnel avec sa mère (paradis pour lui, entendons-nous. Pas pour sa mère).
C'est après que cela se corse. Parce que sa mère ne peut plus faire barrage à la vulgarité du monde comme elle faisait barrage à Old Nick, et que Jack découvre la violence, la cruauté du monde, desquels il avait été protégé durant cinq ans. Car, last but not least, Room est un roman sur la maternité. La maternité qui sauve Ma de la dépression ; cet ardent amour maternel qui les protège, tous les deux, de la violence de Old Nick et du monde extérieur. La maternité jusque dans la relation entre Ma et sa propre mère ...
C'est extrêmement émouvant et absolument superbe.
Lu en lecture commune avec Karine;), Stephie, et Anne
Lu en anglais