"Your father and mother seem so totally free from all those ambitious feelings which have led to so much misconduct and misery, both in young and old!"
J’ai profité de la lecture commune de Persuasion sur whoopsy-daisy pour relire ce roman de Jane Austen. Ce roman a longtemps fait partie de mes préférés : Anne Elliott est une jeune femme qui est passée de l’autre côté de la barrière sans s’être mariée. Elle est en train de s’aigrir et de devenir une vieille fille dévouée à sa famille. Pourtant, elle aurait pu être heureuse : huit ans auparavant, elle avait vécu une idylle avec un jeune marin, Wentworth, mais sa marraine et bonne amie, Lady Russell, l’avait découragée d’accepter l’offre de mariage du jeune homme, trop pauvre pour la fille de Sir Elliott.
Mais Anne n’a pas réussi à oublier le jeune homme.
Quand la situation financière de son père devient si précaire qu’il doit louer la demeure familiale, qui se présente comme locataire ? La sœur de Wentworth et son mari, l’amiral Croft. Anne et Wentworth vont donc se retrouver pour la première fois en contact, leurs situations étant totalement changées : Wentworth est maintenant capitaine, a réussi et devient un parti tout a fait acceptable. Anne, en revanche, est plus âgée, a perdu la fraîcheur et la gaieté de la jeunesse.
"A few months hence, and the room now so deserted occupied but by her silent, pensive self, might be filled again with all that was happy and gay, all that was glowing and bright in prosperous love, all that was most unlike Anne Elliott."
Ce roman est, comme tous les romans de Jane Austen, un régal. Ce régal là a une saveur un peu plus automnale que les autres, sent les regrets et la jeunesse qui s’éloigne. Aux autres, aux Miss Musgrove, la gaieté et l’insouciance de la jeunesse. Anne et Wentworth sont des êtres qui ont un passé, des souffrances, des griefs, ce qui teinte le roman de nostalgie. Mais voir cet amour renaître (Ahhhhhhh, la lettre …), n’est ce pas encore plus beau ?
Comme dans les autres romans de Jane Austen, il y a cet humour dévastateur : à travers Sir Eliott et sa fille aînée, elle nous dresse le portrait de snobs ridicules que Molière n’aurait pas renié. Sir Eliott ne juge les gens qu’à leur apparence physique – et leurs titres. A cinquante ans, il se comporte comme un adolescent orgueilleux.
Les autres personnages sont vus avec une plus grande bonté. Même si la sœur benjamine, Mary, est une insupportable hypocondriaque égoïste, on perçoit la tendresse fraternelle que Anne lui porte à travers les pages. Et Jane fait encore preuve d’une faiblesse (coupable) envers les militaires, sa description de la marine britannique n’ayant rien à envier aux films publicitaires de l’armée présentés lors de la JAPD !
Mais voilà, cette relecture a peut-être été la relecture de trop. Ou je n’étais pas dans le bon mood. Anne m’a agacée au possible et a épuisé le peu de patience que j’ai pour les personnages principaux en mode « victime ». Par peur du conflit ?, elle cède toujours aux injonctions des uns et des autres, se sacrifie. Parfois elle est la seule à en souffrir – et c’est son problème ; mais souvent, d’autres pâtissent aussi de cette incapacité à expliquer à ceux qui abusent et bien, qu’ils abusent.
Wentworth aussi m’a agacée : la manière dont il dragouille les filles Musgrove, sans éprouver de sentiments pour elles, me gêne. Ce n’est pas digne d’un héros de Jane Austen, non ?
Bref, une très légère déception …
Lu dans le cadre du My Jane Austen summer, chez whoopsy-daisy
Lu en Anglais