"Le soleil se couchait dans un ciel sans nuage. Les eaux s'étendaient, colorées de rouge par la lumière mourante. La campagne s'étendait au loin, déjà assombrie et lugubre ; et, sur le bord du lac où tout jusqu'alors n'avait été que solitude, se tenait maintenant, debout, contemplant le soleil, une femme."
Il y a ces moments où on découvre un auteur. Où on lit un roman, et on se dit : "celui là, je vais lire tout ce qu'il a écrit, c'est obligé."
Ça m'a fait le coup avec Jane Austen (Orgueil et préjugés), Victor Hugo (Quatre-vingt treize), Joyce Carol Oates (Mère disparue), Doris Lessing (Les carnets de Jane Sommers), Balzac (Le père Goriot).
Ça vient de me refaire le coup.
Et quand en plus c'est un auteur anglais, qui écrit des pavés, beaucoup de pavés, c'est l'extase !
Il parait que j'ai commencé par son chef d'oeuvre. C'est vrai, c'est que Armadale est un chef d'oeuvre de littérature victorienne, avec ce qu'il faut de fantastique pour semer le trouble, des histoires familiales compliquées, des amours anciennes pesant sur les amours actuelles.
Le roman commence dans une ville d'eau, en Allemagne, où un père de famille, son épouse et son garçonnet, arrivent. Le père est mourant, et un autre voyageur est requis pour écrire sous sa dictée une dernière lettre à son fils. Dans cette lettre, le père révèle une complexe histoire de meurtres et de vengeances, de trahisons et de fuites sur les mers. Il révèle surtout que le fils de son pire ennemi porte le même nom que l'enfant : "Ne laissez jamais approcher de vous aucune créature vivante, touchant directement au meurtre que j'ai commis. Fuyez la veuve de l'homme que j'ai tué, si elle vit encore. Fuyez cette femme de chambre dont la main perverse a aplani les difficultés du mariage, si elle est encore à son service ; plus que tout, évitez l'homme qui porte le même nom que vous."
Que croyez vous qu'il arriva ?
Je m'arrête là, il faut découvrir la suite de cette intrigue merveilleusement victorienne... mais je dois quand même déclarer que Armadale contient le plus merveilleux personnage de garce (après Milady des Trois mousquetaires). Il faut lire ce roman rien que pour Miss Gwilt !