Monsieur Oscar quitte ce matin sa magnifique demeure, suivi par les « Au revoir, Papa » de ses petites filles pour entrer dans la limousine blanche conduite par une élégante femme, Céline. Il s’assoit au fond du véhicule et répond à quelques coups de téléphone, avant de feuilleter le dossier que Céline a déposé sur le siège à côté, pour préparer son prochain « rendez-vous ».
Puis se met à se grimer, s’ajoute une longue chevelure grise, s’habille en clocharde, et descend de la limousine pour aller mendier sur le Pont Alexandre III. Revient, se démaquille , enfile une combinaison moulante noire aux perles brillantes et s’engage dans un studio de motion capture. Revient à la limousine et change encore de personnage.
Il ne faut pas très longtemps pour comprendre que Monsieur Oscar est un acteur et que ce film est d’abord et avant tout un hommage aux acteurs, à ces gens qui changent de vie de scène en scène. Tous les genres cinématographiques sont abordés et Denis Lavant est surprenant dans chacun.
On croit autant à son personnage de père méprisant et blessant qu’à celui de Monsieur Merde, fou et génial vagabond des égoûts de Paris et des allées du Cimetière Montparnasse, au vieillard agonisant dans une chambre d’hôtel chic qu’à la clocharde roumaine des quartiers touristiques. Peu à peu, Monsieur Oscar cesse de jouer mêle sa vie à ceux de ses personnages, dans cette magnifique scène (bon, à part que Kylie Minogue chante et j’ai horreur des musicals), dans le chantier de la Samaritaine, tombeau peuplé de mannequins démembrés en mille morceaux.
J’ai vraiment cru que j’allais m’ennuyer devant le film. J’y suis allée à moitié en trainant des pieds – je me méfie des films consacrés « chefs d’œuvres » par la critique. Mais à la place, j'ai été emportée. Chacune des saynettes m’a fait voyager et devant certaines, j'ai pleuré – même si je savais que l’acteur se relèverai à chaque fois, toujours un peu plus secoué, un peu plus blessé, un peu plus atteint.
Outre l’amour du cinéma et de ces gens qui font le drôle de métier de vivre d’autres vies que la leur, ce film m’a séduite aussi par la tendresse dont il déborde pour Paris. Chacune des excursions de Monsieur Oscar est prétexte à filmer un quartier de Paris, un aspect, le cimetière, les rues du 14ème, ma Samaritaine bien aimée, les quartiers chics… Paris telle que je la connais, et bien éloignée des images d’Epinal de Midnight in Paris.
Allez le voir …