"It’s just money. It’s made up. Pieces of paper with pictures on it so we don’t have to kill each other just to get something to eat."
Une banque, un après-midi d'automne, à New-York. Deux juniors, Peter et Seth, assistent surpris à un événement curieux : la moitié des personnes travaillant à leur étage se font virer devant leurs yeux. Quoiqu'elles aient été en train de faire, elles abandonnent tout et ne bénéficient que de quelques minutes pour emballer leurs biens personnels - tout ce qui appartenant à l'entreprise, téléphone compris, devant y rester.
Le propre chef de Peter et Seth, Eric Dale est viré, alors qu'il travaillait sur un travail personnel. En partant, avec une hésitation, Dale transmet à Peter une clé USB en lui demandant de finir le travail, avec ce seul mot "Be careful". Le soir venu, alors que ses collègues vont se souler dans un bar, Peter reste seul à regarder le contenu de cette fameuse clé USB. Et découvre la raison du "be careful" : les calculs de Dale démontrent que les investissements de la banque dans les subprimes la mettent au bord du gouffre.
Il rappelle le supérieur hiérarchique de Dale, Emerson, qui revient avec Seth. Et d'Emerson jusqu'au grand patron, John Tuld, toute la hiérarchie de la banque va revenir au milieu de la nuit, pour prendre au final la décision de vendre les actifs toxiques - et créer ainsi la crise financière dans laquelle nous sommes encore aujourd'hui.
C'est un film que j'ai énormément apprécié. Il m'a beaucoup fait penser à The Social Network, par la tension qu'il arrive à créer dans une simple salle de réunion. Même en connaissant la fin, je me suis surprise à espérer que la découverte de Peter et Dale soit anodine. J'ai frémis, souvent, face à l'inhumanité de ce monde : la première scène en est un exemple flagrant, le défilé des RH qui vire sans frémir, suivi du discours remobilisateur de chef à base de "vous êtes des survivors.", comme peut l'être l'égoïsme de Seth ou les propos désincarnés de John Tuld sur l'argent.
"Shit, this is really gonna affect people."
Sans trop en dire, en laissant au spectateur le soin de remplir les non-dits, Margin Call en dit plus sur le monde de la finance et les pulsions qui le traversent que le meilleur des documentaires.
C'est surtout un film servi par d'excellents acteurs, de Penn Badley (que je suis heureuse de découvrir dans autre chose que Gossip Girl) à Jeremy Irons (iconique), en passant par Demi Moore (magistrale en ambitieuse ayant tout sacrifié), Stanley Tucci, Kevin Spacey, Paul Bettany et surtout Zachary Quinto que je découvre ici. Ils donnent tous énormément d'humanité à leurs personnages, et montrent avec talent leurs égoïsmes et leurs faiblesses, avec une forme de tendresse.