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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 00:00

Marginall.jpg

"It’s just money.  It’s made up.  Pieces of paper with pictures on it so we don’t have to kill each other just to get something to eat."

Une banque, un après-midi d'automne, à New-York. Deux juniors, Peter et  Seth, assistent surpris à un événement curieux : la moitié des personnes travaillant à leur étage se font virer devant leurs yeux. Quoiqu'elles aient été en train de faire, elles abandonnent tout et ne bénéficient que de quelques minutes pour emballer leurs biens personnels - tout ce qui appartenant à l'entreprise, téléphone compris, devant y rester.

MarginCall3.jpg

Le propre chef de Peter et Seth, Eric Dale est viré, alors qu'il travaillait sur un travail personnel. En partant, avec une hésitation, Dale transmet à Peter une clé USB en lui demandant de finir le travail, avec ce seul mot "Be careful". Le soir venu, alors que ses collègues vont se souler dans un bar, Peter reste seul à regarder le contenu de cette fameuse clé USB. Et découvre la raison du "be careful" : les calculs de Dale démontrent que les investissements de la banque dans les subprimes la mettent au bord du gouffre.

Il rappelle le supérieur hiérarchique de Dale, Emerson, qui revient avec Seth. Et d'Emerson jusqu'au grand patron, John Tuld, toute la hiérarchie de la banque va revenir au milieu de la nuit, pour prendre au final la décision de vendre les actifs toxiques - et créer ainsi la crise financière dans laquelle nous sommes encore aujourd'hui.

 

MarginCall2.jpg

 

C'est un film que j'ai énormément apprécié. Il m'a beaucoup fait penser à The Social Network, par la tension qu'il arrive à créer dans une simple salle de réunion. Même en connaissant la fin, je me suis surprise à espérer que la découverte de Peter et Dale soit anodine. J'ai frémis, souvent, face à l'inhumanité de ce monde : la première scène en est un exemple flagrant, le défilé des RH qui vire sans frémir, suivi du discours remobilisateur de chef à base de "vous êtes des survivors.", comme peut l'être l'égoïsme de Seth ou les propos désincarnés de John Tuld sur l'argent.


"Shit, this is really gonna affect people."


Sans trop en dire, en laissant au spectateur le soin de remplir les non-dits, Margin Call en dit plus sur le monde de la finance et les pulsions qui le traversent que le meilleur des documentaires.

 

MarginCall1.jpg

 

C'est surtout un film servi par d'excellents acteurs, de Penn Badley (que je suis heureuse de découvrir dans autre chose que Gossip Girl) à Jeremy Irons (iconique), en passant par Demi Moore (magistrale en ambitieuse ayant tout sacrifié), Stanley Tucci, Kevin Spacey, Paul Bettany et surtout Zachary Quinto que je découvre ici. Ils donnent tous énormément d'humanité à leurs personnages, et montrent avec talent leurs égoïsmes et leurs faiblesses, avec une forme de tendresse.

 

 

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 08:00

ThisSideOfParadise.jpg" 'I know myself,' he cried, 'but that is all.' "

 

This Side of Paradize est le premier roman de Fitzgerald, et certainement son plus autobiographique. C'est un roman d'apprentissage, où on suit un jeune garçon, Amory Blaine, de son enfance à l'âge adulte.


Amory est un garçon brillant, chouchouté par sa mère, une excentrique qui m'a souvent fait penser à Tante Mame. Son entrée à Princeton va lui permettre de découvrir l'amitié, de s'ouvrir aux autres, dans une ambiance de club très aristocratique et snob. A travers les personnages d'Isabelle et Rosalind, il va apprendre ce qu'est l'amour, et ses déceptions. Puis, dernière étape, avec l'irruption de la politique dans sa vie intellectuelle.

 

"From the first he loved Princeton - its lazy beauty, its half-grasped significance, the wild moonlight revel of the rushes, the handsome, prosperous big-game crowds, and under it all the air of struggle that pervaded his class."

 

C'est aussi la fin d'une époque, l'avénement d'une nouvelle génération. C'est ce qui me fascine dans les romans des années 10 et 20. Comme un pendant américain de  Brideshead revisited, on voit disparaître avec une forme de nostalgie le XIXème siècle, ses aristocrates snobs, ses traditions anciennes, au profit d'une époque a priori plus égalitaire. Comme dans Brideshead revisited, il y a le charme des campus universitaires anglo-saxons, des amitiés de dortoirs, de la fin d'adolescence.

 

" 'It's not all rubbish,' cried Amory passionately. 'This is the first time in my life I've argued Socialism. It's the only panacea I know. I'm restless. My whole generation is restless. I'm sick of a system where the richest man gets the most beautifull girl if he wants her, where the artist without an income has to sell his talent to a button manufacturer. Even if I had no talents, I'd not be content to work ten years, condemned either to celibacy or a furtive indulgence, to give some man's son an automobile."

 

Comme dans  The Great Gatsby, il y a une immense nostalgie, une forme de tristesse qui imprègne les pages. This side of paradise n'est sans doute pas le plus gai, ni le plus heureux, mais il y plane un spleen de toute beauté.

 

" 'Summer is only the unfulfilled promise of spring, a charlatan in place of the warm balmy nights I dream of in April.' "

 

Car finallement, c'est ça qui me fait accrocher à Fitzgerald. Le roman possède des défauts (une intrigue un peu décousue, en particulier), mais, mon dieu !, son style, son écriture, la poésie de ses paragraphes m'a séduite. J'ai manqué de vous citer tout le livre, tellement il était difficile de faire un choix.

 

"So he found 'Dorian Gray' and the 'Mystic and Somber Dolores' and the 'Belle Dame sans Merci' ; for a month was keen on naught else. The wolrd became pale and interesting, and he tried hard to look at Princeton through the satiated eays of Oscar Wilde and Swinburne - or 'Fingal O'Flaherty' and 'Algernon Charles' as he called them in précieuse jest. He read enormously every night - Shaw, Chesterton, Barrie, Pinero, Yeats, Synge, Ernest Dowson, Arthur Symons, Keats, Sudermann, Robert Hugh Benson, the Savoy Opera - just a heterogeneous mixture, for he suddenly discovered that he had read nothing for years."


 

Lu dans le cadre du challenge Fitzgerald et les enfants du jazz

Fitzgerald

Lu dans le cadre du challenge New-York

challenge-ny-12

Lu en anglais.

Lirenanglais

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 08:00

AnAssemblySuchAsThis.jpg"When he had first entered Society, his natural reserve had earned him a reputation as proud, ans in those earlier day, he had allowed this to serve as a shield. Lately, according to Bingley, it had become transformed into armor. Shield or armor, it was not serving him well now."

 

Ce roman est le premier volume d'une trilogie, Fitzwilliam Darcy, Gentleman, qui réécrit du côté de Darcy, Orgueil et Préjugés. Ainsi que le titre le laisse entendre, il correspond aux débuts du roman, de la rencontre de Darcy et Lizzie, jusqu'au départ précipité de Bingley.


Je suppose que ce n'est pas la peine de vous décrire l'histoire, que tout le monde connait. La rencontre ratée, de par l'orgueil de Darcy, qui apprend peu à peu à se faire une autre opinion de la petite Elizabeth, à ne plus voir que sa classe sociale, mais surtout son esprit et son intelligence ; et la fierté de Lizzie, vexée d'une remarque inélégante, qui tient à montrer sa liberté.

 

C'est un roman que j'ai beaucoup aimé, car il développe réellement Orgueil et Préjugé. De nombreuses scènes, avec et sans Lizzie, sont ajoutées, et qui restent d'une grande cohérence avec le reste du livre.
J'aime aussi beaucoup le Fitzwilliam Darcy qu'on découvre. Austen restait très discrète sur qui était Darcy (ce qui est la raison principale, à mon avis, pour laquelle il est devenu un tel sex-symbol), et Pamela Aidan est bien obligée de développer le caractère de son personnage principal, ce qu'elle le fait d'une manière fidèle au roman original. On découvre, par exemple, quel est le livre que Darcy lit avec tant de plaisir lors d'une soirée à Netherfield et dont Caroline Bingley lui pique le volume 2.

C'est réjouissant, assez bien écrit et très bien construit. Je pense que c'est la meilleure oeuvre dérivée de Pride and Prejudice que j'ai lu jusqu'à présent.

 

Lu en anglais

Lirenanglais

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 14:03

montraitre.jpg"Now and in time to be,
Wherever green is worn,
Are changed, changed utterly:
A terrible beauty is born."

Cela fait bien longtemps que j'avais vu ce livre sur la blogosphère, et que les innombrables billets élogieux m'avaient donné envie de le lire. Il a fallu une conférence au Centre Culturel Irlandais en compagnie de Titine et Cryssilda, pour être émerveillée par le talent de conteur de Sorj Chalandon et profondément émue par l'histoire qu'il racontait.

Dès le lendemain, j'entamais le livre que je finissais dans la journée, incapable de quitter Antoine le français et Tyrone Meehan l'irlandais.

Ce livre est inspiré de la vie de Sorj Chalandon : journaliste grand-reporter à Libération, il a suivi les événements d'Irlande du Nord. Il a lié amitié avec des irlandais, au motif qu'il était plus agréable de boire des bières avec les catholiques que du thé avec les protestants. Avec l'un d'entre eux en particulier, Denis Donaldson, un des leaders de l'IRA provisoire, dont on apprendra en 2005 qu'il trahissait depuis 20 ans au profit de l'Angleterre.

 

"J'en veux à ces salauds pour ce qu'ils ont fait de nous. Je leur en veux parce qu'ils nous ont obligés à tricher, à mentir, à tuer. Je déteste l'homme qu'ils ont fait de moi, a encore dit Tyrone Meehan."

 

C'est cette amitié que raconte Mon traitre, entre Antoine, le luthier parisien qui découvre l'Irlande combattante (et nous la fait découvrir à nous aussi, lecteurs), et Tyrone, l'irlandais, sauvage, taiseux et passionné. On suit avec eux, et Jim et Cathy, et tous les autres, les ravages de la guerre, des enfants que l'on enterre aux bombes que l'on pose. On découvre aussi l'histoire, que dire ?, la mythologie politique de l'Irlande, de Connolly à Bobby Sand.

 

"Nous étions comme ça, à deux, face au lac, au milieu de l'Irlande et sous son ciel. Il m'a pris par l'épaule. Il n'a rien dit, d'abord. Il a laissé le vent, la lumière l'effleurer les collines, les murets de pierre plates. Sa main, lourde sur mon épaule, ses yeux clos. Je l'ai regardé. J'étais fier. De sa confiance, surtout."

 

Mais c'est surtout un très beau roman sur l'amitié. Qu'est ce qu'un ami, lorsqu'il trahit tout ce en quoi on croyait ensemble ? Qu'est ce qu'un ami lorsque l'amitié toute entière est bâtie sur un mensonge ? Et un traitre est-il aussi traitre dans ses amitiés ? C'est un recueil de ces questions que traite le récit, sans jamais donner de réponse. Mais y-a-t'il des réponses ?

 

Un très beau livre, que je recommande de tout mon coeur, de toute mon âme.

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 12:00

Mudfog.jpgCes quelques textes ont été publiés par Dickens dans un journal, le Bentley's Miscellany. Les trois premiers sont suffisament longs pour ressembler à de courtes nouvelles. Quant aux derniers, ils ressemblent plus à de courts articles de journaux qu'à un récit.

 

Le point commun des trois premiers est la ville de Mudfog, petit village anglais typique, caractérisé par sa boue et son brouillard : « Mudfog est une ville très humide, ce n'est pas pour autant ce qu'on pourrait appeler une station balnéaire. L'eau y est au mieux un élément pervers et cette vérité se vérifie tout particulièrement à Mudfog. » Et dans cette ville typique, se cachent des personnages typiques.

 

Comme M. Tulrumple, par exemple, héros de la première histoire La vie publique de M. Tulrumple. C'est au départ un charbonnier pauvre mais qui, réussissant dans la vie, devient peu à peu un notable. Si bien que, lorsque le maire décède, il est élu maire à sa place... Au grand dam des ses administrés !

C'est un récit bien ficelé, et plein d'humour. On y croise de beaux portraits de la nature humaine, bien croqués et avec beaucoup de finesse et une sorte de tendresse. Dickens a un sens de la formule qu'il utilise a bon escient : « C'est à cette époque qu'en dépit de la grande salubrité de l'atmosphère de Mudfog, le maire mourut d'une manière ou d'une autre. Ce fut un événement extraordinaire. Il faut dire qu'il vivait à Mudfog depuis quatre-vingt cinq années. Le conseil s'expliqua mal une telle indélicatesse et ce ne fut qu'au prix de mille efforts que ses membres parvinrent à dissuader un vieux gentleman, très respectueux des convenances de proposer le vote d'une motion de censure à l'encontre d'une conduite pour le moins inqualifiable. ».

 

Le deuxième récit, Rapport complet de la première réunion de l'Association de Mudfog pour l'avancement de toute chose, est le récit journalistique d'une réunion scientifique loufoque. Le journaliste sur place y décrit par le menu les mille événements bouleversant Mudfog à l'occasion de ce congrès, et en particulier cette question cruciale : dans quelle auberge les professeurs Poussif, Ronfleur et Dormeur vont-ils loger ? L'auberge du Cochon et de la Boite d'Amadou, ou l'auberge du Cochon original ? Il y a également un compte-rendu des réunions scientifiques, plus loufoques les unes que les autres.

 

Le troisième récit raconte le trajet en bateau jusqu'au lieu de la seconde réunion de l'Association, avant un récit plus étendu des discussions scientifiques, portant sur l'invention d'une machine à faire les poches (et qu'en penseront les petits malfaiteurs, ainsi privé de travail?), ou de policiers mécaniques à opposer aux jeunes aristocrates ayant envie de se défouler (mais ne préfereront-ils pas les vrais policiers?).

 

Ces deux derniers récits m'ont semblés un peu plus faibles, plus grotesques, et moins fins dans leur critique. Il y avait peut-être moins de tendresse envers les personnages, et, en tout cas, une volonté assumée de critiquer les travers de la société victorienne.

 

Lu dans le cadre du challenge victorien

victorien

Dans le cadre du challenge A little village in the countryside., sur whoopsy-daisie !

EnglishVillage1.png

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 12:00

Briggs.jpg"La semaine suivante s'ouvrit sur de gros titres véhéments qui annonçaient : 'Meurtre atroce dans le North London Railway'."


Le chapeau de M. Briggs raconte l'histoire du premier crime ferroviaire de l'histoire de la Grande Bretagne. Le 9 Juillet 1864 au soir, M. Briggs, un employé de banque respectable et âgé, prend le train pour rentrer chez lui, après un repas chez sa nièce.
Entre deux arrêts, il est assassiné, son corps est jeté sur la voie, et on ne retrouve dans le compartiment depremière classe que son sac, sa canne et un chapeau qui se révèle ne pas être le sien. L'assassin se serait-il trompé, échangeant son propre chapeau avec celui de M. Briggs ? Ca, et la chaîne de montre arrachée à la veste de Briggs constituent les seuls indices que la toute jeune police a en sa possession pour rechercher le (ou les) criminels.

J'ai été extrêmement surprise en débutant ce livre : je m'attendais à lire un roman, alors c'est une enquête très détaillée que j'ai eu entre les mains. Il n'y a rien de romancé dans cette histoire, juste une description précise des faits, des preuves, des documents, des personnages, de tout ce que l'auteur a eu entre les mains pour rédiger cette enquête.
Déstabilisant au début, puis très vite passionnant. Avec toutes ces preuves en main, on en vient à faire notre propre enquête de notre côté. Avec au fond, cette question lancinante : Franz Müller, le principal suspect, est-il ou non coupable ?

C'est aussi l'occasion pour l'auteur de tracer le portrait d'une époque, plus du côté du peuple et des petites gens que des grands de ce monde. On découvre la vie des cochers, des tailleurs, des vendeurs, des prostituées, qui sont les protagonistes de cette histoire. On découvre aussi les relations diplomatiques que le Royaume Uni avait à l'époque avec ses voisins, les Etats-Unis et la future Allemagne, en particulier, et le rôle qu'elles ont pu avoir sur le déroulé de l'enquête.
Bref, passionnant !

 

Lu dans le cadre du challenge Victorien

victorien

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 11:20

Dave.jpg"Alors, l'autre chauffeur avait lancé : 'Les femmes, c'est comme les ouragans : quand elles débarquent, elles sont toutes humides et chaudes et quand elles foutent le camp, elle vous prennent votre maison et votre voiture. ' "

 

Au début des années 2000, Dave Rudmann est un chauffeur de taxi londonien. Il vient de se faire plaquer par sa femme, Michelle, qui est partie emmenant avec lui son fils, Carl. Dépressif, il est drogué aux médicaments, au désespoir, à la haine, au racisme, et ballade son fiel dans les rues de Londres, au volant de son taxi. Un jour, il rédige un livre, remplit de sa haine pour les femmes, et du monde en général, et de la Connaissance, ce savoir encyclopédique des rues de Londres que doivent posséder les chauffeurs de taxis londoniens.

510 après Dave. Cela fait maintenant plus de 500 ans que le Livre de Dave a été trouvé, et contraint tous les aspects de la vie en Ingleterre.
Les "papas" et les "mamans" vivent séparement. A chaque "Alternance", les enfants changent, quittant les "papas" pour les "mamans" et vice-versa. Chez les papas, des "opaires" s'occupent des plus jeunes. Tous les jours, les "papas" récitent les "Courses" sous l'oeil avisé du "Chauffeur".
Tout va pour le mieux, jusqu'au jour où Symun Devush proclame avoir trouvé un autre Livre de Dave, qui remet en cause le précédent...

 

"Tard dans le troisième tarif, alors que le phare était sur le point de se mettre en code, Antonë Böm était assis à écrire son journal."

 

C'est vraiment un livre très bizarre. Il alterne chaque chapitre entre le présent et le futur, et d'une manière qui n'est pas toujours chronologique. Dans le futur, la plupart des dialogues sont dans une sorte de langage SMS, et parsemés de références au Livre de Dave. Il y a d'ailleurs à la fin un lexique fort utile. Bref, c'est un bouquin qui demande énormément de concentration, et que je ne regrette pas d'avoir lu en français et non en VO.

 

"Dave Rudman aurait dû les accompagner, mais il avait regimbé. Il ne voulait pas partir travailler, ou étudier, ou même se procurer du hash à bon marché à l'étranger. Tous ses pairs désiraient s'en aller de Londres - du moins pour un moment  - alors que Dave voulait s'y incruster plus profondément. Lun-dun - comment des syllabes aussi plombées pouvaient être aussi magiques ? Il avait un besoin maladif de Londres comme d'une identité. Il voulait être un londonien - non un cadre de direction à douze mille livres par an, marié à Karen, qui aimait ce putain de Spandau Ballet."

 

Malgré ces difficultés, c'est un livre extraordinaire. Les passages dans le présent décrivent la vie d'un raté, d'une manière très sombre, assez acide et avec pas mal d'humour noir. Dave est un pauvre type, une victime de la société qui fait que les plus faibles, les plus fragiles, sont enfoncés. Mais on ne peut pour autan l'aimer, tellement la haine qui transpire de tous les pores de sa peau est dérangeante. Michelle est une garce manipulatrice, mais peut-on lui en vouloir de quitter l'homme qui la battait ainsi que son fils ? (la réponse est : non, bien sûr).

Quant au futur ... Après des débuts assez lumineux (L'île de Ham est présentée comme une sorte de paradis terrestre), l'histoire vire peu à peu au cauchemar au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans l'Ingleterre vers le Nouveau Londres. Certaines scènes (l'abattage des motos ou le supplice de la Roue) étaient à la limite de l'insoutenable, et la fin ... me laisse espérer une suite.

Au final, c'est un livre vraiment riche et intéressant. La critique de notre société est acerbe, mais c'est surtout la critique des Eglises qui me semble la plus violente. Il y a un peu de Pullman en Will Self. C'était vraiment éloigné de ce que pensais lire en ouvrant ce livre (un bouquin post-apo drôle et déjanté).

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 08:15

la_mort_aux_trousses.jpgRoger O Thornhill est un publicitaire à la Mad Men. Élégamment habillé d'un complet gris clair, il dicte des informations à sa secrétaire, en allant boire un verre au bar d'un hôtel avec des amis avant de rejoindre sa mère pour aller au théâtre.


Mais voilà que le bât blesse : alors qu'il se lève pour envoyer un télégramme à sa maman, il est confondu avec un dénommé Kaplan, molesté, enlevé, emmené dans une demeure un peu à l'écart, et là, impossible de convaincre ses geôliers qu'il n'est pas le fameux espion introuvable aux multiples identités.

Se lance alors une course poursuite entre le héros, qui cherche Kaplan (qui est le seul à pouvoir démontrer qu'il n'est pas Kaplan) et les méchants à la poursuite de Thornhill qu'ils pensent être Kaplan.

Et comme si ce n'était pas assez compliqué comme ça, une dernière révélation sur le gateau : Kaplan n'existe pas, c'est un personnage créé par les Services Secrets pour brouiller les pistes et ils sont bien trop heureux que quelqu'un se présente et endosse le rôle.


Bref, notre ami est dans la mouise...

la-mort-aux-trousses2.jpg

 

Alors que je n'aime pas trop d'habitude les films de gangster et d'espions, j'ai pris beaucoup de plaisir à regarder celui là. Déjà parce que le personnage principal n'est pas un agent secret, mais un quidam, un monsieur tout le monde qui se retrouve embarqué dans cette histoire et qui essaie de s'en sortir tant bien que mal. Très naïf, innocent, un peu pataud avec sa carrure immense, Carrie Grant est un régal à regarder. Il surjoue avec un côté presque cinéma muet.

Aux côtés d'une Hitchcock girl sans beaucoup d'intéret, il y a LE méchant. Et là, LE méchant est joué par James Mason, celui là même qui jouait Humbert Humbert dans le Lolita de Kubrick et, oh ! By Jove ! (oui, c'est le genre de film qui donne envie de dire "By Jove !"), il est toujours aussi extraordinaire. Il joue un méchant complexe, à la fois terrible et implacable, mais doté d'une fragilité qui le fera tomber.


la-mort-aux-trousses4.jpg

 

Et certains plans sont justes inoubliables. Si certains (Carrie Grant conduisant soul sur une route côtière, en mauvaise incrustation sur le fond) sont franchement loupés, d'autres s'ancrent dans l'histoire du cinéma, comme lorsque Thornhill, attendant Kaplan sur une route de campagne, est poursuivi par un avion venu pour le tuer ou quand il perturbe une vente aux enchères. Les jeux d'ombre, sur les regards, voilés ou montrés, sont admirables eux aussi.

la-mort-aux-trousses3.jpg

Du grand cinéma, et, du cinéma qui donne le sourire !

 

Vu dans le cadre du challenge Fifties sur whoopsy-daisy

fifties

et du Challenge Hitchcock

Hitchcock

 

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 08:54

TheSecretGarden0.jpg« If you have never had a garden you cannot understand, and if you have had a garden you will know it would take a whole book to describe all that came to pass there. »

 

La petite Mary a été élevée en Inde par une armada de serviteurs à son service. Alors, bien sûr, quand ses deux parents meurent et qu'elle est ramenée en Inde pour être élevée dans la demeure d'un oncle inconnu, elle est une abominable petite gamine mal élevée. Peu importe son oncle qui fuit la maison où son épouse tant aimée est morte. Peu importe les serviteurs, habitués aux frasques des maîtres. Finalement, personne ne s'intéresse vraiment à Mary, si ce n'est Martha, une jeune femme de chambre dont le petit frère, Dickon, a à peu près l'âge de Mary.

En découvrant Dickon, le printemps anglais, Mary va se mettre à changer. Et elle n'est pas au bout de ses surprises : un jardin secret dont l'entrée est interdite et un cousin encore plus irascible qu'elle.

 

C'est un très très joli roman pour enfant que ce Jardin Secret. Et même pour les adultes : je l'ai lu à un moment difficile de ma vie, et ses douces descriptions de la campagne du Yorkshire, des animaux, des vieux jardiniers et des jeunes bonnes, tout cela m'a mis du baume au cœur.

C'est très doux, très gentil, très moral, presque rousseauiste. Les enfants insupportables s'amendent et trouvent la bonté et la santé dans la nature qui refleurit. Les nobles pères absents pansent leurs plaies, la paysanne mère de douze enfants trouve encore le temps pour soigner les jeunes bourgeois délaissés. Avec une pointe (assez discrète) de religion, et un bon happy end comme on les aime.

 

Et en même temps, il y a un côté acerbe et terrible dans l'évocation de l'enfance de ces gamins, laissés à eux mêmes, abandonnés par des parents égoïstes, et grandissant sans la moindre contrainte. De l'autre côté, il y a Dickon et ses frères et sœurs, obligés de travailler dès le plus jeune âge, altruistes et généreux, mais surtout heureux.

Alors, il y a de la caricature dans ce portrait, mais une certaine attaque envers la société hautement hiérarchisée de l'époque et sur l'éducation des enfants, bien loin des fantasmes rousseauistes...

 

Lu dans le cadre du challenge edwardien sur whoopsy-daisy

 litterature

Lu en anglais

Lirenanglais

 

(attention pour les néophytes en anglais : Dickon et sa famille parlent avec un accent prononcé, et évidemment retranscrit dans le texte. Donc, si lire des dialogues à base de  « He's weak and hates th' trouble o' bein' taken out o' doors an' he gets cold so easy he says it makes him ill. » vous ennuie, lisez le en français.

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 19:00

HouseEliott.jpg" 'We could use some of these clothes - we can turn the dress-shirts into blouses, and all this silk,' she said, picking up the scarves and almost caressing them, 'we can do something with these.' "

Ce roman est l'adaptation d'une série de la BBC populaire, dont Jean Marsh avait été la scénariste. De scénariste à romancier, il n'y a qu'un pas, qui est franchi ici.

L'histoire commence lorsque le Dr. Eliott décède, laissant ses deux filles Beatrice et Evangelina ruinées. Evangelina, âgée de 20 ans est sous la tutelle de leur cousin qu'elles détestent et qui souhaite abuser de son statut de tuteur pour l'épouser. De mariage, il n'est pas question pour Beatrice, puisqu'à trente ans, son seul espoir est de finir vieille fille.

Refusant le destin tout tracé qu'on leur impose, les deux jeunes femmes se découvrent un talent de couturière et lance leur maison de couture, novatrice et originale, comme les Années Folles le demandent.

Mais en même temps, elles enquêtent sur le passé de leur père, sur la manière dont il s'est ruiné et sur les accointances qu'il a pu développer avec leur cousin. Et ces jeunes filles bien protégées découvrent l'amitié, l'amour et la politique.

HouseEliott1.jpg

Ce roman sent sa série BBC à plein nez. Ce n'est pas forcément un défaut, même si ça le prive d'une certaine qualité littéraire qui m'a un peu manqué en sortant de Mildred Pierce. Mais pour le reste ... J'ai eu l'impression de replonger dans Downton Abbey, de suivre deux Lady Sybille de substitution.

Certains aspects sont particulièrement bien traités, en particulier celui de la création de la maison de couture. On voit apparaitre un monde où les modes changent, où la silhouette à la garçonne devient à la mode, où les robes se libèrent, se raccourcissent, se dénudent. Et les fondatrices de la maison Eliott, qui récupèrent les vêtements de leur père pour créer des robes sont en plein dans cette tendance et la précèdent même parfois.

 

Il y a malgré tout quelques faiblesses. Le style est d'une simplicité extrême. Et l'intrigue concernant le père de Beatrice et Evangelina est, à mon avis, complètement inutile.

Mais ce sont de tous petits défauts, qui ne devrait pas prévenir les lecteurs de découvrir The house of Eliott.

 

Lu en anglais

LirenanglaisLu dans le cadre du challenge La littérature fait son cinéma

Challenge La littérature fait son cinéma 3e catégorie

Lu dans le cadre du challenge Read me I'm fashion

fashion

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Envie de vacances, de bouquinage dans un jardin anglais, de farniente...

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Mon planning

Janvier 2013

Lecture commune approximative : Imposture, de Benjamin Markovits, avec George

 

9 Janvier 2013

Lecture commune : Silvia's lovers, de Gaskel, avec Titine

 

20 Janvier 2013

Lecture commune : Les Chouans, de Balzac, avec Maggie, Nathalie , Cléanthe et Marie

 

Février 2013

Lecture commune : La fausse maîtresse, de Balzac, avec Marie

 

4 Mars 2013

Lecture commune : Le temps des métamorphoses, de Poppy Adams, avec Tiphanie, Soukee et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : The scarlett letter, de Nathaniel Hawthorne, avec Noctenbule et Titine

 

Mars 2013

Lecture commune : Quelle époque !, de Trollope, avec Adalana, Shelbylee, Maggie et Titine

 

Avril 2013

Lecture commune : Les vagues, de Virginia Woolf, avec Cléanthe , Anis et Titine


21 Juin 2013

Lecture Commune : Petite soeur, mon amour, avec Valérie

 

 Juin 2013

Lecture de L'Argent, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Juillet 2013

Lecture de La débâcle, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

 Août 2013

Lecture de Le Docteur Pascal, d'Emile Zola dans le cadre du défi On a une relation comme ça, Emile Zola et moi

 

7 Novembre 2013

Lecture de Le dernier Homme de Camus, dans le cadre du défi Albert Camus

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